Sima Qian

Ceux qui s'élèvent au-dessus des autres sont accusés par le commun des mortels.
Ceux qui sont les seuls à comprendre et réfléchissent sont considérés comme des orgueilleux par le peuple. (...)
Au début, il est impossible de prendre en considération les opinions du peuple ; on ne peut qu'ensuite profiter avec lui de ce qui est déjà réalisé. (...) ceux qui réalisent de grandes choses ne consultent pas la foule. C'est pourquoi les sages, s'ils veulent renforcer leur pays, ne prennent pas modèle sur la tradition, et s'ils recherchent l'intérêt du peuple, ne suivent pas les rites.
- C'est juste, dit le duc.
- Non, intervint le dignitaire Gan Long. Le sage ne change pas le peuple, mais l'éduque. Celui qui sait gouverner ne change pas les lois, mais éduque le peuple et réussit sans effort. Si l'on administre en respectant les lois, les fonctionnaires sont efficaces et le peuple vit en paix.
- Ce que dit Gan Long, c'est ce que dit le vulgaire,
rétorqua Yang. Les hommes ordinaires trouvent la tranquillité
dans les coutumes ; celui qui étudie se noie dans ce qu'il
apprend. Avec ces deux sortes d'hommes, on peut faire de bons
bureaucrates qui obéissent aux lois, mais on ne peut pas
discuter de ce qui est au-dessus des lois. (...) L'homme intelligent fabrique des lois ; l'imbécile s'y cramponne.
L'homme capable change les lois ; l'incapable se laisse entraver par elles.