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Citation de hcdahlem


Il faut que j'évoque à présent à quoi ressemblait une journée aux Lazhars, à cette période. Le soleil se levait sur une campagne où chacun se réveillait à l’aube; le fermier travaillait, l'enfant se rendait à l’école, à pied, à vélo ou en stop; l’âne brayait, la vache meuglait, les animaux nocturnes allaient à leurs terriers, le lapin en sortait à l'aurore pour jouir de la rosée, les loups rôdaient pour jouir des lapins; les trabendos vrombissaient d'une frontière à l’autre, et les militaires des deux pays, tout là-haut à leurs postes, faisaient des rondes, lourdement armés. Chacun vaquait à l'occupation qui rythmait sa vie, et en dehors de cela, il n'existait pas deux jours qui se ressemblaient. Le soir, on pouvait s'endormir tôt ou veiller tard, on pouvait allumer un grand feu de joie ou se terrer à l’intérieur; autour d’une bougie, on se racontait des histoires et on jouait aux cartes; chaque jour, on faisait tout et son contraire selon l'envie.
Nous étions seuls au monde. Un jour que Bilal se rendait en ville pour payer une taxe, le fait me parut incongru. C’est que le Royaume, l’État, l'administration, tout était une présence lointaine et floue, qui ne nous concernait pas tout à fait. Ici, éleveurs et agriculteurs s'échangeaient leur marchandise, la vallée pourvoyait à l'eau potable, l'essence nous venait des trabendos postés au milieu de nulle part, leurs bidons étalés devant eux; il n’y avait pas encore de courant ni d’égouts à cette époque; nous étions coupés du reste du pays, vivant en complète autonomie dans cette espèce d’enclave à cheval sur deux frontières. p. 88-89
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