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Citation de lanard


Les dictatures qui se sont installées un peu partout sur le continent après les indépendances avaient cru pouvoir trouver légitimation dans une raison d’État doublée d'une "raison de culture". La raison d’État était, on l'a dit, que la construction nationale commandait qu'un seul parti dirigé par un chef concentrât entre ses mains tous les pouvoirs, d'une part pour éviter que les revendications identitaires ne finissent par défaire le fragile tissu social, et de l'autre pour engager le pays dans la voie d'un développement en vue duquel toutes les énergies, déclarait-on, devaient être canalisées dans une seule direction. La raison de culture déclarait que la tradition africaine, inventée bien sûr, voulait que toujours l'individu fût au service de la communauté, représentée évidemment par le Père [de la nation].
Le paradoxe était qu'une telle raison de culture pouvait trouver à s'appuyer sur les thèses de philosophes et autres intellectuels africains répétant que "nous [i.e. les Africains] mettons moins l'accent sur l'individu et davantage sur la collectivité; nous ne permettons pas que l'individu puisse avoir des exigences qui auraient préséance sur celles de la société. Nous posons l'harmonie, non la divergence des intérêts, la compétition ou le conflit: nous avons tendance à penser à nos obligations envers d'autre membres de notre société plutôt qu'aux demandes que nous lui adressons". Claude Aké, l'auteur de ces lignes, oppose ainsi un contexte et une manière de voir africains à ce qu'il considère un "idée occidentale des droits humains" dont il déclare "qu'elle présuppose une société atomisée et individualiste, une société du conflit endémique. Elle présuppose une société de personnes conscientes de leur séparation ainsi que de leur intérêts particuliers et qui tiennent à leur réalisation. Le droit légal est une demande que l'individu peut adresser aux autres membres de la société, et c'est en même temps une obligation qu'a la société de satisfaire cette demande."
Claude Aké soupçonne que si l'Afrique commence à s'intéresser aux droits humains (au moment où il écrit) c'est que "le capitalisme autoritaire régnant [sur le continent] est alors sous pression pour devenir plus libéral et ainsi créer des conditions plus favorables à l'efficacité capitaliste".
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