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Citation de EtienneBernardLivres


Le flot de l'émigration polonaise a amené dans tous les pays de l'Europe, et plus particulièrement en France, des milliers d'individus appartenant à des professions diverses. Comme les sauterelles de l'Égypte, ces hommes se sont répandus, avec une merveilleuse agilité, sur tous les chemins ; et, si tous n'y ont pas marché au premier rang, du moins s'y sont-ils maintenus avec une certaine persistance.

D'ailleurs, à Paris, la qualité d'étranger n'est-elle pas le plus beau titre pour arriver à la popularité, à la fortune ? Ce qu'un indigène n'obtiendrait pas à force de talent, de patience, de travail et de vertu, un exotique l'obtiendra sans coup férir.

Aussi avons-nous dans la capitale des médecins, des avocats, des hommes de lettres, des peintres, des statuaires et des compositeurs de musique.

Nos séminaires et nos lycées regorgent de lévites et de répétiteurs polonais.
À nos hôpitaux, à nos bibliothèques, à l'Athénée, au Conservatoire des arts et métiers, les Polonais professent ; enfin, il n'est pas jusqu'au collège de France, où, suivant les statuts imposés en 1547 par son fondateur François Ier, on ne pouvait être admis au professorat qu'à la condition sine qua non d'être Français ; le collège de France, disons-nous, a créé une chaire pour un savant Polonais qui apprend aux compatriotes de Corneille, de Racine, de Bossuet, de Voltaire, de Molière et de Chateaubriand ce que c'est que la littérature slave.

Et que les étrangers viennent maintenant nous accuser d'égoïsme, d'ingratitude et d'indifférence à l'égard de nos frères de Pologne !

La classe infime de la nation polonaise n'est pas moins semée dans Paris que les classes supérieures.

Nous comptons des mécaniciens, des coiffeurs, des tailleurs, des cordonniers, des luthiers et des accordeurs de pianos ; et, dans un degré plus bas encore, des cochers, des palefreniers, des chauffeurs de locomotives, des hommes de peine, des laquais de toutes sortes et des concierges en masse. Les Polonais ont, de nos jours, détrôné les Suisses à la grande porte de nos petits hôtels.

Le Polonais, ou plutôt la plèbe polonaise, a de l'intelligence, de l'audace, de l'astuce et toujours une présomption qui fait qu'elle ne doute de rien.

Elle se met vite et bien au courant de tout ; imite avec adresse, sait flatter avec discernement et toujours à propos.

Ces ressources, il faut en convenir, sont pour l'émigration autant de trésors que chacun de ses membres exploite d'autant mieux qu'il est plus ou moins soumis aux chances multiples du hasard.

Quoi qu'il en soit, nous le répéterons, le caractère polonais a une grande analogie avec le caractère français tel qu'il était au dix-septième siècle.
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