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Citation de Tempsdelecture


Et pourtant: alors qu’il s’imaginait encore n’en jamais pouvoir aimer qu’une, les rets de sa passion se défirent peu à peu en lui. Il n’est pas dans la nature humaine de vivre, solitaire, de souvenirs et, de même que les plantes, et tous les produits de la terre, ont besoin de la force nutritive du sol et de la lumière du ciel, qu’ils filtrent sans relâche, afin que leurs couleurs ne pâlissent pas et que leur corolle ne perde pas ses pétales en fanant, ainsi, les rêves eux-mêmes, même ceux qui semblent éthérés, doivent se nourrir un peu de sensualité, être soutenus par de la tendresse et des images, sans quoi leur sang se fige et leur luminosité pâlit. C’est ce qui arriva aussi à cet être passionné, sans qu’il s’en aperçût – quand les semaines, les mois et finalement une année, puis une deuxième, s’écoulèrent sans que lui parvinssent un mot, un signe d’elle; alors son image commença peu à peu à s’estomper. Chaque jour consumé dans le travail déposait quelques petites poussières de cendre sur son souvenir; il rougeoyait encore, comme des braises sous le gril, mais, finalement, la couche grise ne cessait de s’épaissir. Il lui arrivait encore d’exhumer ses lettres, mais leur avait pâli, leurs mots n’atteignaient plus son coeur, et un jour, il fut saisi d’effroi en voyant sa photographie, parce qu’il ne pouvait pas se rappeler la couleur de ses yeux. Et il ne recourait que de plus en plus rarement aux témoignages naguère si précieux, auxquels il prêtait une vie magique, déjà fatigué, sans le savoir, de son silence éternel, de cette discussion absurde avec une ombre qui ne lui donnait aucune réponse
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