Petit frère, dans nos fantasmes tu étais blond et moi brun, chevalier et moi pauvre manant et il fallait conquérir le château : "Maman". Déjà à cette époque Jeanne disait de nous: "Ces jumeaux m'agacent avec leurs jeux stupides, Georges, séparons-les, il faut mettre thomas en pension, ainsi nous ne les confondrons plus ! "
C'est le jour où je suis entré au pensionnat que j'ai appelé notre mère : "Jeanne" Je te l'avais écrit et tu me répondis : elle est Jeanne pour moi aussi." Bientôt ce fut "Jeanne la mauvaise". (p. 14)
Au milieu du cahier Aurélien avait écrit : "Parfois je descendais sans faire de bruit et je trouvais Jeanne [la Mère ] au salon, dans la lumière du petit matin, vêtue de son long peignoir en soie blanche, hautaine et immobile dans cette maison où la vie n'existait plus car Jeanne fanait les fleurs et les plantes sur son passage et répandait une ambiance de meurtre. (p. 29)
"Dans son cahier il disait : " Le château- maman, comme je l'aimais, à cause de ce mot "maman" qui était encore magique et que bientôt je devais bannir de mon être tout entier."
Et plus loin: "Si seulement j'avais été plus fort, elle n'aurait peut-être pas gagné tout à fait". (p. 39)
La revoir, elle [la mère ] et sa folie, ses mimiques insupportables, l'alcool, et la pitié qu'elle aurait pu susciter si j'étais arrivé à oublier sa cruauté. (p. 70)
Aurélien était sujet à des crises de désespoir auxquelles personne ne pouvait rien, il se prostrait dans sa chambre, sans manger, sans dormir, assis par terre le regard dans le vague. Il n'aimait pas non plus parler, et quand il s' ouvrait à quelqu'un ,très vite il évoquait le suicide qui paraissait être une véritable obsession chez lui. (p. 86)
J'ai mal d'écrire, disait-il, c'est comme si du sang sortait de ma plume. (p; 34)