[...] Au début, Mohan avait peur de moi. Il courait se cacher sous les grands buissons quand il me voyait passer dans le bois. Quelquefois même il se sauvait jusqu'aux coins les plu reculés du verger, aux endroits les plus sombres et les plus abandonnés, où poussaient de longs roseaux et des fougères géantes.
Peu à peu, il finit par s'habituer à ma présence; c'est-à-dire que mon passage dans le bosquet ne le dérangeait plus. Je pense qu'il m'acceptait comme une contrariété quotidienne et inévitable. finalement, il cessa d'avoir peur de moi. Jamais je ne lui envoyais de pierres ou de brindilles comme le faisaient les singes et je ne cherchais pas à lui donner des coups de bec, comme les paons.
Un jour, je m'aperçus qu'il me suivait de près : la sacoche qui pendait à mon dos paraissait grandement l'intéresser. En passant devant le temple d'Omkarnath, je fis glisser mon sac de mon épaule et ôtai mes sandales pour m'incliner devant le dieu du temple selon le rite accoutumé. Quand je me redressai, je remarquai en me retournant que Mohan m'observait attentivement. Ce même jour, en revenant de l'école, je l'avais trouvé qui s'inclinait devant le temple comme vous et moi l'aurions fait.
- Mohan ! Tu es un bon éléphant ! m'écriai-je. Tu n'es pas comme ces paons et ces singes qui ne respectent rien. [...]