Tamiki Hara

"Euh, [dit le policier,] comme vous le savez sans doute, dans notre ville de Hiroshima arrive un flot continu de sinistrés en provenance de tout le pays, Tôkyô, Nagoya, ou encore Ôsaka et Kôbe. Et qu'ont -ils à raconter, tous ces sinistrés, à nos citoyens ? Eh bien, ils leur disent qu'ils ont eu très peur des bombardements, qu'ils n'ont rien pu faire d'autre que de s'enfuir. Mais finalement ils ont été victimes de leur ignorance et il faut avoir de la compassion pour eux. Nous ne devons pas rester insensibles à cette leçon. En effet, la guerre est virulente et les bombardements vont en s'intensifiant. Mais malgré tous les dangers, si on dispose d'une défense inébranlable, il n'y a plus à avoir peur."

Tout en disant cela, il s'était tourné vers le tableau et se lançait maintenant dans des explications concrètes... En l'entendant parler sans la moindre peur, on avait l'impression que les bombardements constituaient quelque chose de clair et net, et que la vie des gens était elle aussi uniquement fonction du physique. Shôzô se dit que c'était un homme peu commun. Mais il n'y avait aucun doute : on trouvait alors au Japon autant que l'on voulait de braves robots comme celui-ci.