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Citation de art-bsurde


A la suite d'une politique de déni, qui ne date pas d'aujourd'hui, le terme même de « génocide » a été contesté – sacré pour les Arméniens, tabou pour les Turcs. Les deux camps attachent une importance extrême à la question de la pertinence de ce mot. Je l'ai employé conformément à la définition que les Nations Unies en ont donné en 1948. Dans cette acceptation, le génocide recouvre des actes commis dans l'intention de détruire tout ou partie d'un groupe ethnique, national, racial ou religieux, en temps de paix ou de guerre. La définition précise différentes méthodes employées à cette fin, qui comprennent le meurtre de membres du groupe concerné, des atteintes graves à leur intégrité physique ou mentale, la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, les mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe et le transfert forcé d'enfants d'une communauté à une autre. En partant de cette définition et à la lumière de tous les témoignages dont nous disposons, force nous est de qualifier de génocides les actes commis contre les Arméniens.
Mais après tout, sans doute s'agit-il moins d'une question de vocabulaire que d'une position morale : la reconnaissance et la condamnation du crime. Quelle que soit la définition que nous en donnons, quel que soit le terme que nous employons, il faut bien admettre que cette histoire est celle de la destruction délibérée d'un peuple. Çerkez Hasan était en 1915 un officier ottoman chargé « d'établir » les Arméniens dans une région qui recouvre les actuels déserts syriens et irakiens. Quand il comprit que le véritable objectif des déportations n'était pas le déplacement mais l'élimination, il démissionna. « On peut toujours discuter de la synonymie entre tuerie et déportation, déclara-t-il. Employez ces mots comme vous l'entendez ; cela ne change rien à la réalité de ce qui s'est passé … Il n'existe qu'une façon atroce de comprendre ce qui est arrivé, et dont le monde entier a conscience. » L’échec de l'approche officielle de l’État turc s'inscrit dans son entêtement à présenter ce crime incommensurable comme une nécessité d’État justifiable, évitant ainsi au pays de prendre moralement position à ce sujet.
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