là où le crépuscule bleuit …
là où le crépuscule bleuit
sur la vallée
là où un moment
paraît toujours changeant
puis immobile
parfois
les arbres les buissons
les haies les taches d’obscurité
tout est flou
dans ce qui reste de lumière
rappellent
la lumière plus brillante
manquante
//Traduction de Françoise Daviet-Taylor
VALLÉE CACHÉE SOUS LE GLACIER…
Vallée cachée sous le glacier ; ruissellement de l’eau : doigts d’une main ;
l’alpage est d’un vert fertile.
Plus haut, un aigle s’envole d’une fissure qui est comme un passage secret.
Entre deux prés de fauche, le chemin creux sur lequel nous avons souvent rencontré, à l’heure où le soleil se couche, le sculpteur sur bois. Face au soleil qui se couche.
Rouge-queue se posant au pied de la croix du village.
Un nuage comme une herse dans le ciel ; le lendemain soir,
à nouveau un nuage-herse ; puis la pluie sans arrêt pendant des jours.
Des gentianes d’un bleu profond au bord du chemin si haut que la végétation prenait fin et que nous entrions de plus en plus dans la pierraille. Les vitraux de Chartres.
//Traduit de l’anglais (États-Unis) par Françoise Daviet
se dressant au milieu des cultures…
Extrait 2
pendant les travaux et les jours
non pas les ormes abattus de ta rue ombragée
mais le cerisier même où tu n’es jamais grimpé
de petites promesses rouges
derrière une maison plus loin
dans la brume chatoyante du printemps
ou était-ce en hiver
la silhouette dénudée
les branches nues
elles aussi étaient nécessaires
pour que tu deviennes
quelqu’un d’autre
//Traduction de Françoise Daviet-Taylor
TOUTE TA VIE…
Extrait 2
un grand champ vide
quelques cerises
sont toujours suspendues aux branches sombres
ces cerises étaient aussi les tiennes
adieu
laisse le cerisier s’effacer
laisse la terre s’effacer
sur laquelle tu as marché
alourdi de noms
de pelouses de jardins secrets
que tu as laissés derrière toi
et d’un cerisier
tu as été alourdi
mais l’échelle sous ton bras
ne pesait rien
//Traduction de Françoise Daviet-Taylor
TOUTE TA VIE…
Extrait 1
toute ta vie
tu as entrevu
mais peu souvent
ce qui s’ouvre
derrière le cerisier
tant de signes gravés
sur son tronc
le cerisier a été témoin
de tout de tous
de quoi de qui que ce soit
tu t’en souviens maintenant
laisse ces noms derrière toi
éloigne-toi du terrain de jeu
de la pelouse derrière la maison
qui est devenue un champ
un jardin moins intime
…
//Traduction de Françoise Daviet-Taylor
se dressant au milieu des cultures…
Extrait 1
se dressant au milieu des cultures
ou sur une pelouse abandonnée
derrière une maison
ou est-ce sur un terrain de jeu
le cerisier est toujours là
depuis longtemps tu te trouves loin
du premier de l’unique centre
pourquoi
cet arbre-ci
ses branches
alourdies de fruits
a-t-il pris forme
à l’intérieur de toi
…
//Traduction de Françoise Daviet-Taylor
Laisse le cerisier s’effacer…
Laisse le cerisier s’effacer
laisse la terre s’effacer
sur laquelle tu as marché
alourdi de noms
de pelouses de jardins secrets
que tu as laissés derrière toi
et d’un cerisier
tu as été alourdi
mais l’échelle sous ton bras
ne pesait rien
/traduction de Françoise Daviet-Taylor
PARFOIS L’ÎLE…
parfois l’île
la montagne
la mer
la brume au-dessus de la mer
forment l’un
bleu
gris
si peu substantiel
rien
n’était-ce
assombrir ce côté
pour que l’autre côté
retienne
plus longtemps
la lumière
//Traduit de l’anglais (États-Unis) par Françoise Daviet.