Auteurs des premières croisades, plusieurs chevaliers s’étant ligués sous la conduite du pieux roi qui les conduisait, pour conquérir sur les Sarrazins la Palestine et les lieux saints, formèrent une association sous le nom de Maçons Libres, désignant ainsi, que leur voeu principal était la reconstruction du temple de Salomon. Dès-lors ils adoptèrent pour marques caractéristiques, tout ce qui pouvait se rapporter à ce vaste édifice : équerre, niveau, compas, truelle devinrent leurs attributs, un tablier leur habit, liberté leur devise, secret leur principal devoir. Résolus de faire un corps à part dans la foule des croisés, et de se garantir particulièrement de toute surprise du côté des Sarrazins et de leurs ennemis, ils imaginèrent des mots de ralliement entre eux, des attouchements pour se reconnaître, des signes pour se distinguer à une très grande distance : ces signes, ces mots, ces attouchements furent accordés comme la marque caractéristique de Maçons croisés, et seulement à ceux qui auraient courageusement soutenu les épreuves du noviciat et de l’initiation.
Les plus anciens militaires, les premiers qui aient eu forme de corps discipliné, les chevaliers de l’Aurore et de la Palestine, ancêtres, pères, auteurs des Maçons, ces hommes illustres dont je ne dirai pas la date, dont je ne trahirai pas le secret, spectateurs affligés de toutes les vicissitudes que le royaume de Juda avait successivement éprouvées, espéraient depuis longtemps, qu’un jour Dieu daignerait jeter un oeil favorable sur des lieux saints où sa présence s’était manifestée lors de la loi première ils ignoraient encore la plupart que sa naissance mystérieuse et divine les avait consacré de nouveau par les bienfaits de la loi de grâce.
Du cas que méritent ces différents systémes.
Ô mes Frères, Ô Maçons qui tant de fois avez eu la patience d'écouter ces impiétés avec recueillement & de l'air de la persuasion, aurez-vous le courage de les lire ? N'auront-elles pas le sort de cent productions éphémeres de tous ces petits chef-d'oeuvres dramatiques, que l'art & l'habileté du jeu fait valoir mais que l'impression montre sans prestige, & dont la triste nudité répugne c'est une demi victoire de vous causer cette sensation, mais je veux un triomphe complet : raisonnons.
La fureur d’écrire va si souvent avec celle de citer ; l’air de l’érudition est si fort le ton de ceux que la disette de choses oblige de courir à l’emprunt ; j’ai tant pleuré sur ce ridicule, j’ai tant d’étoffe devant les mains, j’ai si peu la manie de paraître docte, que je vais tout bonnement sans rien voler à l’histoire des croisades, faire de mot à mot celle que l’on débite en loge à ce sujet, et qui sert de pivot à une prodigieuse quantité de roues qui malheureusement engrainent mal : c’est le défaut de bien des machines.