La langue est magnifique mais ces nouvelles par leur absence d'action et même de chute plongent le lecteur dans une langueur étrange. En guise d'exemple, je pense à la nouvelle qui ouvre ce recueil : elle se termine quand l'homme qui racontait son histoire se lève et part. C'est abrupt mais c'est fait sans violence : la nouvelle s'en va comme l'homme : en marchant.
Voyage onirique en somme où il faut se laisser porter et savourer le travail sur la langue et les ambiances. C'est une lecture difficile que je ne conseillerais pas à tout le monde... Pour ma part, si j'ai apprécié le style j'ai souvent eu du mal à entrer dans les nouvelles et j'ai même alterné cette lecture avec un autre recueil pour changer d'ambiance. Je conseillerai néanmoins certaines nouvelles comme "Temps gelé" et "le photographe bleu".
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Onze nouvelles superbement écrites, au carrefour du quotidien, du fantastique et de la SF.
Publié en 2009 chez le toujours surprenant éditeur Monsieur Toussaint Louverture, ce "recueil de nouvelles et novellas" est typique de la démarche attachante de Thierry Acot-Mirande, installé au carrefour des fictions, mêlant de discrètes touches fantastiques, lorsqu'un adolescent s'infiltre dans un carnaval déjanté ("Sable rouge") ou lorsque l'héritier d'un mathématicien amateur mais doué découvre le secret de la pliure de l'espace ("L'âme double des faits ordinaires"), par exemple, à du quotidien parfois écrasant, lorsqu'un photographe des temps héroïques doit saisir un masque mortuaire ("Photographe bleu"), lorsque l'on accompagne les derniers jours d'un mystérieux écrivain retiré du monde ("Étoiles étrangères"), ou lorsqu'il s'agit de chroniquer les errances d'un rocker sur ses terres natales ("Rock'n'roll station"). Les nouvelles les plus prenantes toutefois sont sans doute celles où un aspect science-fictif fait irruption d'emblée, en nous laissant "coincés" avec cette réalité-là, comme dans le mélancolique "Temps gelé", qui donne son titre au recueil, et rappellera à certains les meilleures nouvelles de Bob Shaw, comme dans "Un épisode de la guerre du méthane", où une tonalité de tranquille fin du monde se mêle à des accents dignes d'un très bon Iain Banks, ou encore dans "Bois sacré", nouvelle qui clôt le recueil en nous montrant des artistes peintres tentant de vivre au milieu de la mère de toutes les inondations, un peu à la manière d'un Ballard.
"Personne ne croirait à un récit où la belle héroïne abandonne à la fois la chanson et un écrivain raté reconverti dans l'exotisme de pacotille, pour rejoindre l'université de Miskatonic dans le but d'échafauder une thèse sur l'influence d'Abdul Al Alhazred, l'occultiste arabe dément, sur les œuvres de jeunesse de Charles Dexter Ward."
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