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Citation de ThierryLouisHenri


coïncidence.
​— Bonjour, professeur Rampe ?
​— Je suis le professeur Rampe.
​L’homme avait une carrure qui n’était pas sans rappeler celle d’un sportif, ou plutôt d’un militaire, eu égard à sa démarche droite et cadencée. Le professeur avait déjà côtoyé ce genre d’individu, et il n’en gardait pas un excellent souvenir.
​— Je me nomme Jérôme Hourse. Toutes mes excuses pour le dérangement, professeur.
​Le professeur Rampe lui signifia que cela n’était pas un problème, tout en lui serrant la main.
​— J’étais l’un de vos étudiants il y a quelques années.
​Cela expliquerait son étrange sensation lorsqu’il avait pu discerner plus nettement son visage.
​— Ah bon ? C’est affligeant, je ne me souviens pas de vous…
​— Il faut dire que vous en avez vu passer, des élèves, rebondit Jérôme Hourse sans que Joseph Rampe puisse encore lui déterminer un âge.
​— Et que me vaut votre visite ?
​— Pour tout vous dire, je suis chargé d’assurer la sécurité de sites archéologiques, et c’est d’ailleurs ce qui m’amène aujourd’hui.
​Un vigile ? Encore une autre explication. Le professeur se félicita intérieurement d’avoir si bien cerné cet homme en un regard.
​— Eh bien, je suis à votre écoute, lança joyeusement le professeur en faisant de la place sur son bureau et en invitant son hôte à s’asseoir face à lui.
​Il le remercia pour son hospitalité puis ouvrit son bloc-notes.
​— À vrai dire, j’aurais plusieurs questions. Je tiens seulement à m’excuser si certaines pouvaient paraître décousues, mais c’est parce qu’elles ne se rapportent pas toutes à la même chose.
​— Cela ne me pose aucun inconvénient.
​— Bien, inspira Jérôme Hourse en sortant son stylo. Vous avez longtemps travaillé pour l’UNESCO, c’est bien cela ?
​Le professeur hocha la tête.
​— Vous y étiez chargé d’expertiser les lieux candidats au patrimoine mondial, et vous faisiez les datations…
​— Au radiocarbone, oui.
​— Comment procédiez-vous ?
​— La datation au carbone 14 est un phénomène complexe et aléatoire. C’est un isotope radioactif pour lequel la radioactivité a une durée de vie d’environ 5 600 ans, dans ce qu’on appelle la première vie. La seconde peut aller bien plus loin. Le carbone est présent partout et en fonction de son support, à partir du moment où celui-ci aura cessé de « vivre », que ce soit un animal ou une plante, il va connaître une longue période de déclin où son taux de présence va peu à peu s’estomper. C’est en mesurant son stade de désintégration que l’on va trouver son âge.
​— Jusqu’où savons-nous dater ?
​— 50 000 ans, au maximum. Pour la petite histoire, à l’époque où j’étais chargé des datations, il fallait des semaines pour connaître l’âge d’un échantillon, et il fallait qu’il ait une certaine taille à transmettre sinon les estimations pouvaient être totalement faussées. Aujourd’hui, nous y parvenons en une heure.
​— Comment ?
​— Nous faisons des analyses en spectrométrie de masse et un calcul des ions, mais je vous passe les détails.
​— Mais cette méthode a des limites. Elle n’est précise que pour les matières organiques ?
​— Oui, c’est exact.
​— Pour ce qui est des peintures, des tableaux, ou celles qui sont dans des grottes, comment les datiez-vous ?
​— Les matières utilisées pour peindre étaient parfois des décompositions de matières organiques, comme le charbon de bois.
​Jérôme Hourse notait sur son calepin les indications du professeur Rampe avec précision.
​— Toujours à propos de ces peintures. Que pensez-vous de l’écart entre leurs datations par rapport à leur ressemblance ?
​Il remarqua que sa question manquait de sens à l’expression de surprise du professeur.
​— Comment est-ce possible que des dessins aient peu évolué en plusieurs milliers d’années ? Je veux dire, l’on retrouve des représentations quasiment identiques, mais espacées de plusieurs dizaines de milliers d’années. Cela paraît pour le moins étrange, ne trouvez-vous pas ?
​Visiblement, le professeur ne s’attendait pas à une question tournée ainsi, et le jeune homme remarqua qu’il avait causé une certaine gêne.
​— Si seulement nous le savions. Mais, pourquoi un responsable de sécurité me pose-t-il cette question ?
​— Je cherche la meilleure façon de protéger les œuvres. Il me faut connaître leurs caractéristiques pour mener à bien mes missions. J’étais habitué à la protection de lieux sensibles, comme des expositions ou des châteaux, mais pas encore de grotte…
​Jérôme Hourse comprit alors qu’il s’était involontairement vendu. Il relativisa en voyant le visage du professeur s’éclairer.
​— Alors il fallait me poser la question directement !
​— C’est que c’est assez secret. Et d’ailleurs, je compte sur votre discrétion.
​Le professeur fit les yeux ronds.
​— Auriez-vous découvert une nouvelle grotte ?
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