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Citation de ThierryLouisHenri


L’on frappa derechef à la porte.
Et si c’était quelque chose d’important ? se dit-elle.
— Qui va là ? lança-t-elle en pensant intimider l’inconnu.
Pas de réponse. Seulement une série de coups donnés à la porte avant l’apparition d’une seconde ombre et de l’agitation semblant s’apparenter à une échauffourée. Puis une voix d’homme mettant en fuite un autre.
Était-ce un coup monté ?
Nouvelle sollicitation à la porte, cette fois-ci moins virulente.
— Tout va bien, Madame ? retentit la voix claire d’un homme.
Cette voix n’était pas effrayante, mais plutôt réconfortante. Mais comment ne pas s’en méfier ?
— Oui ! Je vous remercie ! Partez, maintenant, s’il vous plaît.
— Je voulais m’assurer que vous étiez en sécurité, Madame. Ce n’est pas pour vous importuner.
Puis une quinte de toux parut secouer ce « sauveur ».
Aussitôt, la porte s’entrouvrit. Après avoir vu au loin un homme qui s’enfuyait en boitant, Lila posa pour la première fois son regard sur le jeune facteur, légèrement amoché, dont la faible lumière dissimulait une partie de son visage. Elle se sentit inexplicablement en confiance.
— Je suis un peu rustre, s’excusa-t-elle. Merci de l’avoir fait fuir...
— Un soldat. C’était un soldat. Certainement réformé. Je l’ai vu vous suivre depuis votre sortie de l’hôpital.
Elle fut interloquée par sa réponse.
— Vous me suiviez, vous aussi ?
Sanson ne s’attendait pas à cette question qui le déstabilisa un tantinet.
— Non. Juste que je me suis dit... qu’une jolie fille comme vous... à cette heure... J’ai eu comme une intuition. Puis j’ai vu cet homme dans un coin de rue.
Lila se mit à rire.
— Je disais cela pour vous taquiner. Est-ce là une heure pour un postier de flâner dans les rues ? N’en avez-vous pas assez toute la journée ?
— Mon costume m’aura trahi, approuva timidement le jeune homme face à cette femme au regain de confiance. J’aime sortir au crépuscule. Je me sens comme dans un autre monde, comparé à l’agitation de la journée.
— Je ne vous en tiendrai pas rigueur. Encore merci pour votre aide, monsieur le chasseur.
— Pardonnez-moi... C’est ainsi que vous considérez les hommes de bonne intention ?
Cela la fit sourire de plus belle.
— Monsieur le postier. Nous ne nous connaissons pas, mais j’ai déjà entendu des bribes de vos exploits. De nombreuses femmes esseulées viennent en soutien à l’hôpital où je me rends chaque jour supplémentaire que Dieu nous accorde. Votre réputation n’est plus à faire !
Elle commença à pousser la porte, mais Sanson la retint légèrement.
— Êtes-vous seule, Madame ?
Lila prit une moue stupéfaite et outrée à la fois.
— Nous en voilà au fait. Vous les postiers, vous tirez parti des pauvres veuves. Mais qui vous dit que j’en suis une ?
— Je ne le sais pas, Madame, mais le mot est un peu fort. Je ne fais qu’apporter mon soutien...
— En homme de bonne intention ? C’est bien cela que vous me disiez ? Ou en les plongeant dans un espoir impossible ? Est-ce de ce malheur que vous souhaitez m’affubler ?
— Pas avec vous, Madame. Mes sentiments seraient tout autres. C’est ainsi que je le perçois.
—C’est ainsi que vous mentez à toutes les femmes !
— Non. Ce serait bien différent avec vous.
Lila marqua un temps d’arrêt, déstabilisée par ces belles paroles.
—Ce ne pourrait être éphémère avec vous, Madame.
— Et combien de temps cela durerait ? Un jour ? Deux, peut-être ?
— Non. Cela durerait à l’infini.
Ses lèvres se mirent à trembloter et elle souffrit de ne pas savoir le recadrer immédiatement.
— Pour l’heure, cela s’arrête maintenant !
— Pour l’heure ? Serait-ce une invitation à plus tard ? s’en délecta Sanson.
Les joues de Lila rougirent instantanément. S’était-elle involontairement trahie ?
— Passez une bonne nuit, chasseur...
— Sanson. Je m’appelle Sanson.
L’immobilisme de sa belle lui fit remarquer que ce prénom ne lui semblait pas étranger. Aussitôt, elle passa brusquement sa main derrière l’oreille, comme si une bête venait de la piquer. Une sorte d’ange gardien qui la rappelait à l’ordre, songea Sanson. C’était comme s’il avait ouvert le verrou jusqu’alors scellé.
— Et vous ? Avez-vous un nom ?
— Celui d’une fleur dont vous vous lasserez, lorsque ses pétales auront fané.
— Certains sont éternels.
— Pas pour moi.
La porte se referma doucement dans un dernier croisement de regards qui embruma l’esprit de Sanson.

Partie 2 : La Der des Der
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