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Citation de enkidu_


Il est de mode de contester l’authenticité des hadîth préconisant le port du turban. Or, que la parole : « Le turban est la couronne de l’Islam » soit du Prophète ou non, elle exprime en tout cas l’intention inhérente à cet élément du costume masculin, élément qui affirme en même temps la majesté du croyant, « représentant de Dieu sur terre » et sa soumission (islam) à la volonté de Dieu. En milieu sémite, se couvrir la tête est toujours signe de crainte révérentielle, sans doute parce que l’exposer au soleil ardent équivaudrait symboliquement à l’exposer à la rigueur divine.
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Le costume masculin des pays d’Islam tend à effacer les différences sociales, exception faite de certaines extravagances vestimentaires, qui émanent soit du raffinement des cours princières, soit au contraire de milieux d’ascètes en rupture avec le monde. Ces derniers peuvent d’ailleurs se référer à l’exemple du Prophète qui portait occasionnellement une robe faite de morceaux d’étoffe rapiécés.
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L’art vestimentaire est un art essentiellement collectif ; il est donc soumis à des fluctuations et obéit plus ou moins à cette loi psychologique que mentionne déjà Ibn Khaldûn et qui veut que les peuples vaincus imitent les mœurs et les vêtements de leurs vainqueurs. Malgré cela, le vêtement musulman manifeste une telle continuité historique et géographique, que l’on doit le rapprocher de cette qualité positive de l'umma, la collectivité religieuse, qui a fait dire au Prophète : « Ma communauté ne sera jamais unanime dans l’erreur ».
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On pourrait croire que le costume européen moderne a été inventé tout exprès pour détruire les formes de vie musulmanes : il rend difficiles les ablutions prescrites par le Coran et empêche directement, par ses plis rigides, les gestes et les positions de la prière canonique. S’il n’est pas dans son pouvoir de détruire la valeur intrinsèque de ces rites, il n’en amoindrit pas moins le rayonnement en leur associant son inévitable trivialité.

La morale inhérente au costume traditionnel de l’Islam est en somme celle-ci : le corps de l’homme, créé « selon la forme » de Dieu, est une sorte de révélation. Cela est vrai pour l’homme tel qu’il était avant sa chute, et qu’il est encore virtuellement, tout en portant sur lui les marques de sa déchéance, que seul l’amour pardonne. Il convient donc de voiler le corps, au moins partiellement, mais non pas de lui imposer des formes qui ne sont pas les siennes. En voilant le corps, on ne le nie pas mais on le relègue, comme l’or, dans le domaine des choses qui demeurent cachées aux yeux de la foule. (pp. 141-170)
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