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Citation de enkidu_


Notons ici la différence qui sépare l’art abstrait de l’Islam de l’ « art abstrait » moderne : dans l’ « abstraction », les modernes trouvent une réponse plus immédiate, plus fluide, plus individuelle aux impulsions irrationnelles qui viennent du subconscient ; pour l’artiste musulman, par contre, l’art abstrait est l’expression d’une loi ; il manifeste le plus directement l’Unité dans la multiplicité. L’auteur de ces lignes, fort de son expérience en sculpture européenne, voulut une fois se faire engager, comme main-d’œuvre, par un maître décorateur maghrébin. « Que ferais-tu, lui dit le maître, si tu devais orner un pan de mur comme celui-ci ? » « J’y dessinerais des rinceaux, et j’en remplirais les sinuosités d’images de gazelles et de lièvres. » « Des gazelles, des lièvres et d’autres animaux existent partout dans la nature », répondit l’arabe ; « pourquoi les reproduire ? Mais dessiner ici trois rosaces géométriques (tasâtir), l’une à onze branches et deux à huit, et les enchevêtrer de telle sorte qu’elles remplissent cet espace parfaitement, voilà ce qui est de l’art ! »

On pourrait dire aussi, – et les paroles des maîtres musulmans le confirment, – que l’art consiste à façonner les objets conformément à leur nature, qui, elle, contient virtuellement la beauté, parce qu’elle vient de Dieu ; on n’a qu’à dégager cette beauté, la rendre évidente. Selon sa conception islamique la plus générale, l’art n’est qu’une méthode d’ennoblir la matière. (pp. 143-144)
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