AGATES NOIRES
Comme on est porté au cœur du silence
dans la profondeur de ce ravin
de la nuit pâle, comme l’est la lune
luisant aux grisailles du soir.
Comme se perd l’âme
dans des filets vagues
bercés bord sur bord,
pour la caresser.
Comme feuillets lus,
les papillons blancs cernés d’or
sur des touffes de centaurées
dansent d’une aile fine.
Crissement de soie
noyée de dentelles —
passe un vent léger
étoilé de perles
au long de ma vitre.
Dans ma tête monte
un très vieux parfum
de sein radieux
sur lequel dormait
l’iris d’un bras frêle.
Les yeux fermés, coques de fer,
distribuent leur graine menue
aux yeux d’autrefois.
Et vers le ciel ces tristes arbres :
les voici, les sombres navires
chargés d’un lest mystérieux…