AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Tyler Jenkins (55)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Snow Blind

Un thriller mordant comme le froid polaire. Le thème est celui des secrets de famille. Une jeune adolescent Teddy se demande pourquoi sa famille originaire de Louisiane est venu se perdre en Alaska où la vie est beaucoup plus rude en raison du climat glacial.



Teddy va découvrir qu'on ne connaît jamais vraiment les gens et même ceux de sa propre famille. Ils peuvent cacher des secrets parfois très honteux tout en donnant l'apparence de la famille aimante. On ne choisit pas sa famille mais on choisit ses amis dit le dicton.



En effet, il s'apercevra notamment que sa famille bénéficie d'un programme de protection des témoins ce qui n'est pas une bonne chose quand on balance innocemment une photo sur internet et les réseaux sociaux.



Je n'ai pas trop aimé les choix de ce jeune homme qui va finalement se détacher. On ne sait pas si face à la même situation, on aurait réagi de même. J'avoue ne pas trop savoir. La psychologie des personnages m'a paru assez légère et non poussée comme on peut le voir dans d'autres œuvres plus abouties.



Le graphisme est étonnant avec l'utilisation de la couleur directe façon gouache. Cela donne incontestablement de la puissance visuelle à ce thriller familiale.



Les amateurs de polars aimeront sans doute la simplicité de ce récit abordable. Je n'ai pas été satisfait en raison du manque de profondeur de ce récit mais c'est globalement positif.

Commenter  J’apprécie          600
Grass Kings, tome 3

Il y a quelques années, une série de meurtres non élucidés a bouleversé la ville de Cargill, de Raven mais aussi le Grass Kingdom. Humbert Sr et Humbert Jr, respectivement le shérif et l'adjoint, n'ont jamais retrouvé celui que l'on surnommait "l'assassin courant d'air". À la mort de son père, un homme violent et autoritaire, Humbert Jr, devenu à son tour shérif, un brin frustré que ce dernier n'ait pas résolu cette enquête, se met en tête d'élucider ce mystère, certain qu'aujourd'hui le meurtrier se cache dans la communauté de Grass Kingdom. Une occasion par là même pour éradiquer cette communauté d'originaux...

Au royaume, Bruce et Robert continuent d'enquêter et le ton commence à monter entre les membres...



Troisième et dernier tome de Grass Kings et une conclusion surprenante... Matt Kindt nous plonge dans le feu de l'action, la tension monte aussi bien entre le shérif et la communauté qu'entre les membres. Des fausses pistes aux moult rebondissements, l'enquête sur l'assassin courant d'air prend une forme inattendue, aussi bien concernant son identité que ses motivations. Un tome tout aussi captivant que les précédents : une enquête policière sur fond de ruralité et des personnages originaux. Graphiquement, Tyler Jenkins et Hilary Jenkins, aux couleurs, nous offrent encore de magnifiques aquarelles. Un trait nerveux, des décors hors du temps, une ambiance le plus souvent poétique.



Une trilogie originale...
Commenter  J’apprécie          550
Grass Kings, tome 2



Après avoir rendu une petite visite au shérif de Cargill, Humbert Jr, Bruce va aussitôt voir son grand frère, Robert, le chef de Grass Kingdom et lui fait part des sous-entendus du shérif, comme quoi la communauté pourrait abriter un meurtrier. Mécontent de cette entrevue et soulignant le fait que, de toute façon, Humbert Jr ne cherche qu'à faire disparaître le royaume, Robert écoute tout de même les propos de son frère. Se remémorant une sombre histoire de meurtre survenue quelques années plus tôt alors qu'il était shérif à Raven, Bruce se pose aujourd'hui des questions sur la mort de Mme Handel, une jeune femme venue ici pour enseigner aux enfants et grandement appréciée de tous. Sa caravane a brûlé, emportant toutes ses affaires. La police de Cargill a conclu au meurtre mais sans trouver un quelconque mobile. Bruce et Robert décident alors d'interroger certains membres de la communauté pour tenter d'y voir plus clair et vont vite se rendre compte de l'existence de certains secrets...



Après avoir fait connaissance avec la communauté de Grass Kingdom dans le premier volet, l'on remonte ici dans le passé et l'on suit les déambulations de Robert et Bruce qui s'intéressent au meurtre, survenu quelques années auparavant, de l'institutrice Jen Handel, retrouvée brûlée dans sa caravane. Un meurtre inexpliqué qui a chamboulé tout le monde. Chaque personnage rencontré nous dévoile ainsi un pan de son passé, fut-il sinistre ou émouvant. Tyler Jenkins nous plonge dans les sombres secrets de la communauté. Une enquête tendue qui, lentement, prend forme. L'auteur distille petitement ici et là quelques éléments et s'il ne se passe pas grand-chose au cœur de cet album, l'ensemble est savamment dosé. De plus, l'on se délecte, page après page, du graphisme de Matt Kindt. Un trait parfois esquissé, des aquarelles tantôt sombres tantôt lumineuses et une ambiance parfois poétiques (avec l'utilisation du rose et du orange).

Un deuxième tome sombre et prenant...
Commenter  J’apprécie          550
Grass Kings, tome 1

Bienvenue au Grass Kingdom, petite communauté indépendante, non loin de Cargill, qui vit en autarcie et qui a ses propres règles. Quiconque veut entrer dans le domaine se fait éjecter aussi vite. À la tête de ce hameau, Robert, le shérif reconnu de tous. Aujourd'hui, l'homme, désoeuvré, la plupart du temps ivre, vit seul depuis la mort de sa fille (dont le corps n'a jamais été retrouvé) et depuis que sa femme l'a quitté. Celui qui fait régner l'ordre est son frère, Bruce, un ancien policier toujours vêtu de son uniforme. Humbert, le shérif de Cargill, lui, en a marre de tous ces marginaux qui agissent selon leurs propres lois et occupent le terrain de façon illégale. Aussi cherche-t-il par tous les moyens à faire tomber le Grass Kingdom. Il va bientôt en avoir l'occasion puisque sa femme, Maria, a fui le domicile pour violences conjugales et il est sûr qu'elle s'est réfugiée là-bas...



Premier tome d'une trilogie qui, d'emblée, s'avère prometteuse ! Premier tome au coeur duquel l'on fait connaissance avec ces habitants pour le moins originaux et étranges. En tête, la fratrie composée de Robert, Bruce et Ashur. Trois hommes qui maintiennent l'ordre surtout lorsque la menace vient de l'extérieur. Une menace indirectement liée à Maria qui, en se réfugiant chez Robert, va gentiment mettre le feu aux poudres. Matt Kindt installe, petit à petit, un climat anxiogène et étouffant. D'autant que de nombreuses zones d'ombre persistent quant à la mort de Rose, la fille de Robert. L'intrigue est savamment dosée et l'auteur titille intelligemment le lecteur. Graphiquement, les planches de Tyler Jenkins nous plongent immédiatement dans une atmosphère écrasante et tendue. Un travail artistiquement original : un trait, parfois imprécis et flou, des aquarelles magnifiques, une palette de couleurs dans les tons orange/rose.

Un premier tome prenant et parfaitement maîtrisé...
Commenter  J’apprécie          510
Grass Kings, tome 1

Lire Grass Kings, c'est avoir le cul vissé sur un baril de poudre.

Quoi de plus enivrant que de partager ce doux moment de lecture avec votre meilleure amie, la gêne persistante.



"En raison de l'augmentation du prix des munitions, il n'y aura pas de tir de sommation".



À ma gauche, Grass Kingdom.

Royaume autoproclamé de paumés, de marginaux, régi par trois frangins soudés comme les cinq doigts de la main, c'est dire.

À ma droite, Cargill.

Petite bourgade sous la coupe du shérif Humbert qui s'avère un brin colérique à ses heures perdues. Et cet homme semble les collectionner, à outrance.

Tout ce petit monde se tolère, à défaut de s'apprécier.

Le conflit semble larvé. En sommeil.

Manquerait plus qu'un événement lambda vienne réveiller de vieilles rancoeurs.

Douloureux, le réveil.

J'aime autant prévenir.



Premier opus d'une trilogie annoncée qui pose les bases. Et quelles bases.

Une montée en puissance régulière portée par des aquarelles à la beauté envoûtante, le scénario ne fait pas dans la dentelle (sans caler pour autant) en entrant dans le vif du sujet puis en accentuant graduellement un sentiment de catastrophe imminente, ultime déclencheur d'une guerre de voisinage que même Juju Courbet y s'retrouverait fort marri en essayant de les rabibocher.



Ce premier tome fait dans l'historique, certes, tout en usant d'un savant dosage entre baston virile, mais pas correcte, et émotion contrôlée.

Parfait miroir d'une Amérique de laissés-pour-compte en quête d'idéal, ce Grass Kings pourrait bien devenir une référence incontournable pour peu qu'il affiche un niveau similaire par la suite.



É-norme!
Commenter  J’apprécie          462
Grass Kings, tome 3

Voilà, c'est ici que se termine la ballade.

Je ne foulerai plus les terres baignées de rancoeur et de cadavres de Grass Kings.



Le rideau est tombé.

L'assassin courant d'air démasqué.

Sur fond de conflit armé, le triptyque tire sa révérence.



Ces aquarelles au charme éthéré me manqueront.

Cette atmosphère saturée de violence et de mort itou.



La boucle est bouclée.

De A à Z j'ai adoré.
Commenter  J’apprécie          406
Grass Kings, tome 2

Coucou, les revoilou.



Plutôt que de se friter avec l'ennemi héréditaire qu'est le shérif Humbert Jr, nos paumés vont ici focaliser sur un événement qui fit parler dans les vieilles caravanes délabrées, à l'époque, le suicide présumé de l'une de leurs ouailles, Jenny Handel.



Un tome bien plus introspectif.

L'occasion d'en apprendre un peu plus sur le passé torturé de certains tout en se gavant encore et toujours des sublimes aquarelles de Tyler Jenkins.

Des fantômes comme s'il en pleuvait.

Sortez les parapluies, le meilleur reste à venir...
Commenter  J’apprécie          380
Black Badge

Être original dans le format Comics n'est pas donné à tout le monde. Le thème des super-héros phagocyte tellement le genre qu'il faut du courage et du talent pour imposer un autre angle. Je suis plutôt friand des super-héros pour le coup, mais j'aime aussi les propositions plus originales comme celle que Black Badge amène.



En effet, l'idée originale est à la fois simple, un peu barrée mais riche en opportunités: les scouts servent en fait de chambre de sélection pour la constitution d'équipes d'enfants espions, les meilleurs d'entre eux sont envoyés à travers le monde pour des missions d'infiltration que leur statut d'enfant facilite grandement, surtout d'enfants censés être en voyages d'aventure scouts ! Il faut bien sûr mettre souvent de côté la vraisemblance (mais comme dans la plupart des histoires d'espionnage non ?) et bien sûr ne pas s'offusquer qu'on puisse envoyer ainsi des enfants au devant du risque (c'est du comics, on vous rappelle, on reste quand même bien dans la fiction ...) Évidemment, les enfants soldats sont une réalité bien présente dans le monde, et le livre offre aussi une réflexion autour de ce que l'ancienne génération fait subir à la nouvelle, et aussi sur ce que la jeunesse désire construire comme monde, différent de celui que les anciens leur ont légué.



La narration est rondement menée avec de très nombreux flash-blacks qui nous expliquent à la fois le background des différents protagonistes mais aussi celui de la force d'intervention dont ils font partie. On découvre la complexité de l'organisation (plusieurs équipes de "badge" différentes, avec chacune leurs spécificités et leur histoire), il y a évidemment de nombreux rebondissements, du suspense et les soucis très actuels de politique internationale sont abordés, même s'ils servent plus de décor que d'intérêt principal de l'histoire.



Le style graphique a été pour moi d'abord un frein dans l'immersion. Je trouvais le trait un peu bâclé, la colorisation approximative. Et puis on s'habitue petit à petit, on voit que l'objectif est de représenter parfois les expressions, parfois l'action des personnages. Les décors sont vraiment très optionnels, uniquement dans le but de situer rapidement l'action. Ne vous attendez pas à des fresques impressionnants dans des paysages grandioses, vous seriez déçus... mais le trait sert finalement le propos, qui s'intéresse avant tout à l'évolution des personnages, aux rapports humains entre eux. Pour un travail graphique plus fouillé, vous avez même, comme souvent dans les comics, un bonus avec de nombreux projets de couverture des chapitres à la fin, donc même pas de raison de se plaindre !



Si on additionne le tout, on a un ouvrage vraiment réussi et une idée originale dans un domaine de plus en plus standardisé, que demande le peuple ? Des super-héros ? Vous les avez, mais sans super-pouvoirs et plutôt avec des super-convictions.
Commenter  J’apprécie          370
Grass Kings, tome 1

"GrassKings" est une série noire en trois tomes, écrite par Matt Kindt et dessinée par Tyler Jenkins, l’étoile montante de la bande dessinée américaine.



Proclamée par l'éditeur comme le « polar graphique de l’année » Grass Kings est une trilogie qui sera publiée à rythme haletant : tome 1 le 16 janvier, tome 2 le 6 mars et tome 3 le 26 juin.



L'arrivée d'une jeune femme fuyant la violence du village voisin, bouscule le quotidien d'une petite communauté aux confins des Etats Unis, qui vit en autarcie à proximité d'un lac américain, un royaume malaisant dominé par trois frères au passé chargé de secrets .



La nature et paysages alentours portent l'histoire des hommes et leurs violences intrinsèques On pense un peu à l'univers de Faulkner ou plus près de nous de Ron Rash aux décors rudes et récits lyriques.



UNe trilogie qui a vraiment cartonné aux USA, hanté par la douleur et la mort, avec une ambiance graphique particulièrement surprenante, portée par des fonds à l'aquarelle et des personnages mémorables aux gueules cassées.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          320
Fear Case

L'effet destructif de la peur

-

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2021, écrits par Matt Kindt, dessinés et encrés par Tyler Jenkins et mis en couleurs par Hilary Jenkins. Les couvertures ont été réalisées par les époux Jenkins. Le tome comprend également les couvertures variantes réalisées par Andrea Sorrentino, Duncan Fegredo, Francesco Francavilla, Laurence Campbell (*3), Wilfredo Torres, Laura Perez. Il comprend également 7 pages mettant en vis-à-vis la page crayonnée et la page encrée.



Winters et Mitchum, deux agents spéciaux du FBI sont en train de prendre un café, le premier expliquant au second comment déguster son café pour en apprécier tous les arômes. Son coéquipier lui répond qu'il n'y a pas de café qui puisse justifier un prix de huit dollars, et que cette odeur lui rappelle celle du café que prenait son père à trois heures du matin tous les jours, avant d'aller travailler. Il avait exactement la même odeur, celle du dur labeur et de la discipline. Ayant fini de savourer, ils sortent de l'établissement pour rejoindre leur voiture et se rendre au quartier général des services secrets de Los Angeles. Dans un bureau, ils se tiennent devant Martin, lui expliquant qu'il va recevoir le même cas que tous les nouveaux arrivants. Plusieurs centaines d'entre eux ont échoué à le résoudre dans l'année qui leur est impartie, mais eux sont tout proche d'y parvenir et il leur reste encore trois semaines. Cette affaire est effectivement une mallette ou un boîtier, la description fluctue un peu dans les archives qui remontent à la seconde guerre mondiale.



Ce que les agents Mitchum & Winters en savent, c'est que ce contenant recèle quelque chose de précieux, si précieux que cela a déclenché des guerres, si précieux qu'un grand nombre d'individus y ont laissé leur vie. Des cultes ont même été bâtis autour de ce boîtier. Durant la guerre, les Japonais l'ont remis aux nazis. On en a perdu la trace en Pologne. Il a été possible d'associer la présence de la mallette aux assassinats des années 1960, aux seigneurs de la drogue dans les années 1980. Elle a trouvé son chemin jusqu'à un culte du jugement dernier nommé Les Fovos, dans la partie sud de Los Angeles. Ils en ont eu la confirmation par un de leurs indicateurs qui a été retrouvé mort par la suite. Martin leur demande ce que contient la mallette. Ils répondent par quelques hypothèses éclairées, mais la réalité est que nul ne le sait. Ils se lèvent et répètent l'information : s'ils n'ont pas résolu ce cas d'ici trois semaines, ils passeront la main à Martin et à son coéquipier. Mitchum et Winters reprennent la voiture. Le premier indique qu'il s'inquiète pour le second qu'il a l'impression que cette affaire est en train de lui monter à la tête. Puis il lui demande d'ouvrir la boîte à gants. Winters l'ouvre et y trouve un livre : Les 18 stigmates de Philip Verge. C'est le cadeau d'anniversaire de son coéquipier car ça va faire un an qu'ils ont commencé à travailler sur cette affaire.



Tout commence par une enquête et un mystère : retrouver une mallette qui contient quelque chose d'inconnu, et qui porterait malchance à ses propriétaires. Quatre épisodes, c'est court, et le scénariste met en place toute la mécanique dès le premier. La mallette passe de main : le propriétaire vient la remettre à une nouvelle personne en lui précisant le principe. Il ne faut pas l'ouvrir. Il faut la remettre à la personne qu'on haït le plus dans les trois jours. Si jamais la mallette n'est pas remise à la personne la plus haïe, elle se retrouvera entre les mains de la personne qu'on aime le plus. L'artiste va lui aussi droit au but : des dessins un peu esquissés avec des traits de contour comme réalisés au crayon noir, pas forcément jointifs ou réguliers, des aplats de noir pas francs, comme mal coloriés en noir, des représentations parfois un peu naïves ou esquissées dans certains endroits. Cette forme narrative qui ne semble pas peaufinée apporte une forme d'instantanéité et également un peu d'urgence à la lecture. On n'est pas dans la finasserie ou les détails décoratifs : le récit relève du vital, du primal. Le lecteur comprend vite la pertinence du jeu de mots du titre anglais : c'est à la fois une mallette de la peur, et une affaire sur la peur éprouvée par les victimes.



Il est donc possible de lire cette histoire au premier degré, comme une véritable enquête, avec éventuellement une composante surnaturelle. Les deux agents spéciaux du FBI remontent la piste, en passant d'un indicateur à un autre : à trois semaines de la fin de l'année qui leur est allouée, ils se rendent à une villa où un crime vient d'être commis. L'épouse a tué son mari, elle a encore le couteau ensanglanté à la main, alors qu'elle se tient debout, habillée, dans l'eau de la piscine. Le lecteur prend alors le parti de considérer les éléments en apparence surnaturels, comme des métaphores, comme la manifestation de déséquilibres mentaux qui perturbent le comportement des personnages, pouvant se transmettre de l'un à l'autre, ou plutôt un individu étant influencé par le comportement d'un autre. La narration visuelle fonctionne bien dans ce registre : des dessins descriptifs avec assez de détails pour montrer une réalité palpable et plausible. La morphologie des personnages s'inscrit dans le domaine réaliste, avec des tenues vestimentaires normales, correspondant au statut social et à la profession de chacun. L'artiste représente les décors très régulièrement, dans la plupart des cases même. Il sait trouver le point d'équilibre entre la précision de ce qu'il décrit, et l'épure n'intégrant pas d'éléments visuels non essentiels ou qui viendraient surcharger une case. Au fil des séquences, le lecteur peut déambuler dans les rues d'un quartier de Los Angeles en étant un peu derrière les deux agents spéciaux, s'assoir dans un bureau qui semble être une pièce totalement vide à part une table et des chaises, sans aucun élément distinctif, parcourir les différentes pièces d'une belle villa, jusqu'à la piscine, s'arrêter dans une station-service en plein désert, pénétrer dans la chambre d'un motel en bordure de route, observer l'appartement de Mitchum, puis celui de Winters. En cours de route, il se dit que ce premier degré ne permet pas d'expliquer une ou deux conséquences, ni le comportement d'une autre branche des services secrets.



Le lecteur peut alors considérer l'élément surnaturel comme un élément fantastique, plaçant ainsi le récit dans la littérature de genre. Bizarrement, ce n'est pas le meurtre ritualisé, ni des comportements relevant de la folie qui le convainquent d'adopter cette approche, mais un livre fictif. Pour fêter leur année passée ensemble sur cette affaire, Mitchum offre donc à son collègue, Les 18 stigmates de Philip Verge. Il y a là une double référence. La première constitue un hommage direct à Philip K. Dick (1928-1982), et à son livre Le Dieu venu du Centaure (1965) dont la traduction littérale du titre original serait Les trois stigmates de Palmer Eldritch. Ce n'est pas la première fois que Kindt fait référence à cet auteur singulier. L'autre référence est interne à l'œuvre de ce scénariste qui évoque régulièrement l'œuvre de cet auteur fictif qu'est Philip Verge, dans des récits totalement indépendants. Ce clin d'œil l'incite alors à jouer le jeu de la littérature de genre, et à prendre pour argent comptant qu'il existe la nature maléfique de ce que contient cette mallette et qui infecte les personnes à qui elle est remise. Pour la première occurrence, Jenkins réalise une case où il singe un dessin naïf d'une société antique, et c'est plus risible qu'ancien. Par la suite, ça fonctionne mieux, avec le cadavre dont la cage thoracique a été vidée de ses organes, avec Winters allongé sur son lit et subissant un cauchemar éveillé avec des tentacules beaucoup trop longs pour être naturels, ou encore cette image saisissante où des vapeurs semblent planer au-dessus des deux enquêteurs prenant la forme macabre d'un crâne.



Il s'agit de la troisième collaboration entre ces deux créateurs après Grass Kings (2017/2018) et Black Badge (2018/2019). Le lecteur ressent qu'ils ont l'habitude de travailler ensemble et qu'ils sont en phase pour raconter leur histoire, comme si elle était réalisée par un unique auteur. Le dosage de la densité d'informations visuelles et le degré de précision correspondent exactement aux besoins de la scène, y compris l'absence d'arrière-plans lorsque Winters prend une sévère dérouillée, ou au contraire les nombreux éléments de décors quand il revient chez lui, attestant d'une reprise de plain-pied dans la banalité et la normalité du quotidien. Progressivement, le scénariste joue avec la peur qui accompagne la mallette. Sur la base d'une trame d'intrigue très simple, il développe le thème de la présence de la peur comme émotion inéluctable et destructrice. L'énigme que représente la mallette incarne parfaitement ce sentiment de peur indicible, impossible à attribuer à une cause clairement définie. Le récit passe ainsi d'une nouvelle convenue du genre Horreur, à la mise en scène des ravages occasionnées par une peur omniprésente de tous les instants. Il est possible d'y voir comme une réponse des auteurs à cette peur qu'a savamment entretenue le quarante-cinquième président des États-Unis pendant la durée de son mandat, ou d'autres démagogues comme lui.



Un récit court de plus charrié par le flot incessant de la production de comics dans ces années-là. Malgré tout, l'attention du lecteur peut être attirée par la promesse d'un récit d'horreur, ou s'il connaît déjà ces auteurs. Il se lance dans un récit très accessible du fait de sa simplicité et de sa linéarité, avec des dessins bien dosés pour raconter l'histoire. Il accroche au mystère un peu superficiel de la mallette. Il apprécie d'accompagner les enquêteurs dans des endroits variés. Il se laisse gagner par l'inquiétude irrépressible générée par les effets inéluctables de la mallette, tout en se rendant compte que lui-même doit bien vivre avec.
Commenter  J’apprécie          170
Grass Kings, tome 1

Le Grass Kingdom est une ville autonome où les paumés et les laissés pour compte se sont regroupés en une communauté unie.



Ce polar américain plante un décor sombre d'une ville non officielle. Chaque membre est prêt à la défendre par les armes s'il le faut.

Robert est le chef de cette communauté, il est marqué par la disparition de sa fille. Alors quand Maria débarque au Grasskingdom, fuyant don mari violent, il lui ouvre les portes et lui offre la protection de cette étrange communauté.

L'ambiance a quelque chose de troublant et lourd. Ce premier tome semble planter les bases pour la suite de l'histoire. Mais je l'ai trouvé parfois un peu décousu. Je n'ai pas bien compris l'intérêt des flash-back sur les indiens.



Le dessin est assez particulier. D'un côté j'aime assez l'aquarelle et les couleurs. De l'autre je trouve le trait pas très esthétique. Il donne aux personnages des visages fluctuants pas toujours évident à reconnaître.
Commenter  J’apprécie          150
Grass Kings, tome 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre, qui en compte trois. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2017, écrits par Matt Kindt, dessinés, encrés et mis en couleurs par Tyler Jenkins, avec un lettrage réalisé par Jim Campbell. Chaque épisode bénéficie d'une couverture principale réalisée par Jenkins, et d'une couverture variante réalisée par Kindt. Ce tome comprend également les couvertures variantes réalisées par Fiona Staples, Ryan Sook, Tula Lotay, Greg Smallwood, Ryan Kelly.



En 1450, dans une région sauvage de ce qui deviendra les États-Unis, au bord d'un lac, un amérindien s'est éloigné du campement avec son tomahawk. Il arrive proche de son canoë, et se retourne en entendant du bruit derrière lui. Il est frappé à la tête par un autre membre de la tribu qui le tue et jette son cadavre dans le lac. Puis ce dernier s'en retourne au campement, s'approche du tipi de défunt et fait comprendre à sa femme qu'elle est sienne maintenant. La nuit est sans pitié pour elle. En 1580 le campement est incendié et il n'en reste rien. En 1650, toute trace de vie humaine a disparu de cet endroit. En 1750, une petite communauté de colons s'installe bâtissant des bâtiments en bois. En 1920, l'église est érigée en dur. En 1950, le lieu bénéficie d'une piste d'atterrissage pour les avions. Au temps présent, Bruce, l'individu qui fat régner la loi dans Grass Kingdom, a chopé un intrus : Lo, un jeune homme de la ville voisine Cargill. Il lui a passé les menottes et l'a fait grimper sur la banquette arrière, comme s'il s'agissait d'un véritable véhicule de police. Il lui fait faire le tour de la ville. Il lui explique qu'il a mis les pieds dans une petite communauté, très soudée, n'acceptant aucune aide gouvernementale, et vivant en autonomie.



Tout en circulant, Bruce salue Shelly, une femme avec un fusil devant sa maison, Archie faisant le guet depuis une terrasse surélevée, puis à Ashur et Pinball qui sont en train de se promener à pied, et enfin à un écrivain en train de taper à la machine, surnommé Hemingway. Enfin, il reconduit Lo à la frontière du territoire de la communauté, et le laisse rejoindre la ville de Gargill à pied. Ashur rend visite à Pike pour lui demander s'il a recommencé à vendre de la bibine à Robert. Pike ne répond pas. Ashur continue son chemin, toujours à pied, jusqu'à la maison de son frère Robert, le responsable de la communauté. Il trouve son frère dans son rocking-chair sur sa véranda, les yeux dans le vague. Robert demande son rapport à Ashur, le prie de s'en aller, et repense au jour où il avait piqué un petit somme au bord du lac, alors qu'il gardait sa fille Rose. Réveillé par sa femme Amber, affolée, lui demandant où était Rose. Cette dernière n'est jamais reparue. Il finit par se rendre compte qu'une femme se tient agenouillée sur la rive du lac, venant de le traverser à la nage. Elle s'appelle Maria.



Boom! Studios est un éditeur de comics indépendant qui dispose d'une gamme étendue de comics pour enfants, et qui publie parfois des récits pour plus grands lecteurs, sortant de l'ordinaire. Avec Grass Kings, le lecteur se lance dans une série terminée en 15 épisodes, réalisée par un scénariste indépendant chevronné (avec des séries comme Mind MGMT et Dept. H) et un jeune dessinateur ayant essentiellement illustré la série Peter Panzerfaust de Kurtis J. Wiebe. Dans un premier temps, le lecteur ne sait pas trop quoi penser de ce que dit la couverture : la représentation d'un élément d'une Amérique profonde et rurale, avec visiblement les traces d'une violence mortelle. En feuilletant rapidement le tome, il découvre un mode de représentation personnel avec des caractéristiques affirmées : des contours tracés avec des traits assez fins, un peu fragiles même, des représentations précises tout en apparaissant très simplifiées, des cases souvent dépourvues d'arrière-plans sans pour autant jamais sembler vides grâce à la mise en couleur à l'aquarelle. La narration visuelle donne à la fois l'impression de dessins mal assurés et d'un fini très élaboré grâce à la mise en couleurs directe.



Le lecteur se lance : le scénariste lui a organisé une visite guidée du Grass Kingdom, grâce à la présentation faite par Bruce au bénéfice de Lo qui visiblement n'avait jamais pénétré dans cette communauté repliée sur elle-même. Il établit ainsi un premier contact avec ses habitants les plus importants, représentés presque comme s'ils étaient croqués sur le vif, avec une économie de traits, tout en étant parfaitement reconnaissables d'une apparition à la suivante. En fait, l'histoire ne débute pas avec ce tour du propriétaire, mais avec un prologue qui revient en 1450 et qui établit qu'il y a déjà eu des actes de violence sur cette terre. Tyler Jenkins épate son choix de la couleur du ciel, par sa capacité à rendre compte de l'étendue de la prairie, par la plausibilité de ce campement d'amérindiens (pourtant représenté sans beaucoup de détails), par la sensation de marcher dans la nature aux côtés de l'amérindien, alors qu'il est impossible d'identifier l'essence des arbres ou des plantes. Alors qu'il n'y a pas de dialogue, le déroulé des événements est instantanément intelligible et le lecteur ressent les émotions des personnages montrés. Matt Kindt a construit chaque épisode avec un prologue de même nature : une séquence dans la même zone, avec un acte de violence à des époques différentes, en 1760, en 1920, en 1917, en 1958, en 490. À chaque fois, en 2, 3 ou 4 pages, Tyler Jenkins évoque la terre et le ciel à grands coups de pinceau, et dépeint une action qui se termine par la mort d'un ou plusieurs individus, de manière plus évocatrice que descriptive. À chaque fois le lecteur est transporté dans une action différente qui lui rappelle que cette région a absorbé du sang humain à plusieurs reprises à travers les siècles.



Après le premier prologue, lecteur découvre une vue du ciel de Grass Kingdom dans un dessin en double page, à nouveau sur la base de formes rapidement tracées, permettant de bien reconnaître les bâtiments, le réservoir d'eau potable, les silos, les enclos pour les animaux de la ferme, les voies carrossables, les alignements d'arbre, les zones boisées, les zones cultivées. S'il cherche à détailler telle ou telle partie de l'illustration, le lecteur se rend compte de la grossièreté des formes ; s'il prend du recul, il voit une vue du ciel totalement convaincante. Matt Kindt prend son temps pour présenter les différentes composantes de son intrigue. Le lecteur finit par comprendre que cette communauté vit en autonomie et qu'elle ne reconnaît pas la loi de l'état, même si elle a déjà dû faire une entorse ou deux, nécessité faisant loi, en particulier à l'occasion d'un crime horrible, ou de la disparition de Rose. Il prend conscience que Maria, la nouvelle venue, fournit le prétexte nécessaire à Humbert, le shérif de la ville voisine, pour pénétrer dans la communauté et essayer d'y rétablir la loi des États-Unis. La situation s'envenime, et il ne faut pas longtemps pour que les factions en viennent aux armes. Dans le même temps, le scénariste ne se contente pas de rabâcher des clichés prêts à l'emploi sur les ploucs rêvant de vivre libéré du joug de l'état. Robert n'est pas un responsable de tout repos : il souffre de la culpabilité d'avoir perdu sa fille, ce qui inquiète les habitants de la communauté quant à leur devenir. En face, le shérif Humbert apparaît comme un individu vindicatif et rancunier, tout en veillant à ne pas enfreindre la loi. En outre, Matt Kindt a su rendre son intrigue plus dense en intrigant des rumeurs sur la présence d'un tueur en série à Grass Kingdom.



À chaque séquence, Tyler Jenkins renouvelle son exploit de narration graphique tout en équilibre précaire entre dessins qui mériteraient plus de détails et cases qui mériteraient des arrière-plans, et coloriage qui ne respecte pas les contours, et impressionnisme latent. La narration visuelle est fluide et intéressante, toujours personnelle, avec ces aquarelles qui viennent nourrir la page sans être figuratives. Le lecteur se rend petit à petit compte que c'est le choix des couleurs et les tracés de pinceaux qui font la différence entre une mise en couleurs naturaliste, et ce que fait Tyler Jenkins qui apporte des sensations, un ressenti plus affectif. Le lecteur s'installerait bien dans un rockingchair, sur la véranda, en silence aux côtés de Bruce pour regarder l'eau calme du lac, et la lumière déclinante. Il ressent l'absence de toute trace de civilisation aux côtés de l'amérindien en 1760, dans un environnement naturel calme et accueillant. Il voit la gêne de Robert qui ne sait plus trop comment se comporter du fait d'une présence féminine dans sa maison. Il regarde les regards et les postures de plus en plus distantes de Robert et de sa femme Amber, dans une page étonnante sans bordure de case, avec 2 colonnes de 5 têtes, celle d'Amber à gauche, celle de Robert à droite, prenant conscience de la disparition de ce qui les unissait. Il voit une coulure de sang imprégner une page alors que le shérif Humbert enquête sur un meurtre. Il assiste à la violence de l'affrontement entre la communauté et la police. Il sourit devant Robert se représentant en preux chevalier, dans une image aussi incongrue que logique.



Ce qui peut attirer le lecteur dans cet ouvrage sont les auteurs (surtout le scénariste qui a une plus longue carrière), l'éditeur, ou encore les images à l'esthétisme éloigné des bandes dessinées traditionnelles et encore plus des comics. Il comprend rapidement de quoi il retourne : une communauté vivant de manière indépendante, avec un chef fragile, et un potentiel meurtrier jamais identifié en son sein. Il se rend compte que le parti pris esthétique de Tyler Jenkins fonctionne à merveille, entre poésie et immersion émotionnelle. Il se prend au jeu de l'intrigue, même si dans ce premier tome, elle suit un chemin encore bien balisé. Il se rend compte que l'histoire s'émancipe de la dichotomie bons/méchants, avec une philosophie de vie pour la communauté de Grass Kingdom, basée sur un refus du consumérisme.
Commenter  J’apprécie          150
Black Badge

Des scouts sont recrutés pour des missions spéciales où être mineur en vadrouille peut procurer un sérieux alibi. La troupe des Black Badge n’est pas qu’une simple bande de scouts, ce sont aussi des agents très spéciaux .

Le graphisme est brut et dynamique, la colorisation n’en fait pas des tonnes, se contentant de dynamiser l’illustration et de poser l’atmosphère adéquate.

Nous voici donc dans la rencontre entre La patrouille des Castors et Mission Impossible, voici un mélange qui aurait vite fait de tomber dans la caricature. Et les auteurs en jouent judicieusement, le récit est haletant, plein de rebondissements, avec de l’action, du suspense, des émotions, des frayeurs, des complots… un peu de caricature, mais juste ce qu’il faut, avec une flopée de clichés comme le personnage qu’on croit mort mais… (il faut bien quoi !), les équipes concurrentes, les traîtres, la frime de circonstance, le passé trouble de chaque héros… pas de demi-mesure, à fond dans le concept et le résultat est assez réjouissant.
Commenter  J’apprécie          130
Grass Kings, tome 3

Bruce continue son enquête sur le "tueur courant d'air". Il interroge, il fouine et il se rapproche de la vérité. Pendant ce temps au Grass Kingdom, c'est l'état d'urgence. Les fédéraux approchent pour raser ce petit village autonome.



Final de ce polar américain centré sur une communauté autonome et sa rivalité avec la proche ville de Cargill. Ce troisième tome est de facture assez classique au final même si on alterne entre l'enquête de Bruce et les efforts de Robert pour protéger le royaume. Il n'y a pas de grosse surprise quant à l'identité du tueur, ni de retournement de situation. Néanmoins c'est plaisant à lire.

Le dessin à l'aquarelle me laisse mitigée. Autant j'aime beaucoup l'aquarelle, ses tons et ses paysages, autant je trouve le trait assez inesthétique et fluctuant. Mais l'ensemble donne une ambiance plutôt réussie.
Commenter  J’apprécie          120
Grass Kings, tome 1

Je dois remercier, tout d'abord, Joséphine2 pour m'avoir permis de découvrir cet album graphique, le premier d'une série de trois tomes.



Grass Kingdom est une petite communauté au bord d'un lac, dans un coin paumé des Etats-Unis. Une communauté, un royaume plutôt, dans lequel ont échoué des individus à la recherche d'une terre promise. Un royaume gouverné par trois frères, à la tête duquel se trouve Robert, inconsolable depuis la disparition de sa fille. L'arrivée d'une jeune femme dans la communauté va bouleverser le cours pas si tranquille de cette dernière, et mettre le feu aux poudres. D'autant que plane l'ombre d'un tueur en série planqué à Grasskings...



Voici un excellent polar rural, dense, poisseux. Le dessin, tenant de l'aquarelle, est superbe. Le récit est bien mené, captivant, donnant, par quelques flashbacks, un éclairage sur l'histoire de cette terre. On a franchement hâte de decouvrir la suite !
Commenter  J’apprécie          120
Snow Blind

Pour s'amuser, pour montrer que lui aussi peut être un ado cool et non pas un garçon introverti, Teddy poste une photo de son père ivre mort dur les réseaux sociaux. C'est le début de l'écroulement familial.



En Alaska, Teddy est un ado solitaire qui semble mal dans sa peau. Un peu couvé par sa mère, un peu en froid avec son père avec qui il ne partage aucune passion. Il va découvrir que ses parents lui mentent depuis toujours et leur secret est terrible pour Teddy qui découvre des personnes quasi étrangère.

Voici une histoire très sombre. Une histoire de mensonge et de secret, de vies volées et de désirs de vengeance, de justice et d'injustice. Und histoire sans morale qui met un peu mal à l'aise, aussi glaçante que le froid de l'Alaska.



Je n'ai pas trop accroché aux dessins bien qu'ils aient un certain esthétisme. Je les trouve froid, ce qui colle à l'ambiance me direz-vous.
Commenter  J’apprécie          110
Grass Kings, tome 2

Ce tome fait suite à GrassKings (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant car il s'agit d'une histoire complète en 15 épisodes, regroupés en 3 tomes. Il comprend les épisodes 7 à 11, initialement parus en 2017, écrits par Matt Kindt, dessinés, encrés et mis en couleurs par Tyler Jenkins, avec Hilary Jenkins pour les couleurs, et avec un lettrage réalisé par Jim Campbell. Chaque épisode bénéficie d'une couverture principale réalisée par Jenkins, et d'une couverture variante réalisée par Kindt. Ce tome comprend également les couvertures variantes réalisées par David Rubín, Troy Nixey, Paul Maybury, Artyom Trakhanov, Nick Pitarra. Le tome commence par un trombinoscope qui présente 14 des principaux personnages : Shelly, Johann Holzel, les sœurs Satellite (Judy & Patch), Baron, Humbert Junior, Archie, Ashur, Pinball, Pike, Hemingway, Bruce, Robert, Maria.



Bruce (le policier officieux de Grass Kingdom) est venu rendre visite à Robert (le responsable de la communauté, son frère) qui est en train de travailler aux champs. Bruce demande à Robert comment va Maria. Robert le prie de passer à la raison véritable pour laquelle il est venue papoter avec lui. Bruce lui indique qu'il a discuté avec Humbert junior (le vrai shérif de Cargill, la ville officielle d'à côté) et que ce dernier a fait allusion à la possibilité de la présence d'un meurtrier au sein de la communauté de Grass Kingdom. Du coup, il se demande s'ils connaissent si bien que ça ses membres. Robert indique qu'il n'y a pas d'archives écrites, mais que ça vaut le coup de poser la question à Hemingway, surnom donné à l'écrivain qui s'est installé dans la communauté. Ils vont le voir. Bruce lui rappelle qu'il l'avait déjà croisé à Raven (un quartier de Cargill) et Hemingway indique qu'effectivement il s'y était rendu pour écrire un article sur le jeune homme assassiné retrouvé par Bruce qui avait mené l'enquête. Bruce était allé questionner le dealer de méthadone de la victime, qu'il avait embarqué au poste. Mais il n'avait rien réussi à en tirer avant que son avocat n'arrive.



Hemingway continue ses explications en disant qu'il est venu s'installer à Grass Kingdom pour retrouver le tueur du jeune homme, assassin surnommé Thin Air Killer, suite à un autre meurtre commis dans la communauté, celui de madame Jen Handel qui fut l'institutrice de la communauté pendant un temps. Du coup, les 2 frères se rendent dans les ruines de la maison où elle habitait, ravagé par un incendie. Bruce se souvient que le shérif Humbert était également convaincu que la mort de madame Handel était un crime, mais que l'avis général était qu'il s'agissait d'un suicide. Ils s'en retournent poser des questions à Pike amérindien et épicier, qui a un avis mais qui le garde pour lui. Le soir, Bruce en parle à Shelly la mécanicienne. En contemplant le ciel étoilé avec elle, il repense au passé au fait qu'il était retourné voir le dealer pour le menacer, l'agresser physiquement, jusqu'à temps qu'il crache ce qu'il savait.



Le lecteur revient lui aussi déambuler dans la communauté de Grass Kingdom car il se demande bien comment elle a pu survivre à la violence du tome précédent. Il commence par se demander s'il n'a pas rêvé et s'il se souvient bien du tome précédent. Vérification faite, c'est bien la suite. Il n'est pas fait mention de la violence. Matt Kindt a arrêté l'introduction relative à des morts violentes au cours de l'Histoire sur ce territoire. Il a même changé de registre pour ses couvertures. Elles ne dépeignent plus un meurtre violent commis sur la terre de Grass Kingdom, mais pastichent des couvertures de romans policiers violents associés à une phrase qui joue sur le sensationnalisme. La première indique qu'ils ont construit un royaume sur la mort et qu'il va bientôt baigner dans le sang. Le lecteur en déduit que le point de focalisation va se trouver un peu déplacé pour cette deuxième partie. Au fur et à mesure des séquences, il note les éléments qui lui permettent de situer l'action. Bruce fait bien allusion à l'entretien qu'il a eu avec le shérif Humbert junior à la fin du premier tome ; l'action se situe donc bien après cette rencontre. De la même manière, Maria est toujours là et il est fait référence à d'autres événements exposés dans le premier tome.



Effectivement la structure de ce deuxième tome diffère de celle du premier. L'enjeu ne réside plus dans la venue de Maria, mais dans l'un des crimes évoqués dans le premier tome : celui de Jen Handel. Le lecteur plonge dans un polar en bonne et due forme, avec une structure qui sait tirer le meilleur parti des personnages installés dans le premier tome. Cela commence donc avec les frères Robert et Bruce qui s'interrogent sur ce qui travaille le shérif sachant qu'il risque d'en prendre le prétexte pour revenir fourrer son nez dans les affaires de la communauté. Cela continue avec Pike et Ashur dont la curiosité a été piquée, mais aussi parce qu'Ashur souhaite apporter son aide à son grand frère Robert. Tout naturellement, Robert en parle à son invitée Maria qui sent qu'il y a quelque chose de louche là-dessous, à la fois parce que son ex-mari s'y intéressait, à la fois parce qu'elle perçoit la loi du silence imposée par plusieurs hommes de la communauté. Matt Kindt a conçu une structure particulièrement élégante dans laquelle plusieurs individus se renseignent chacun de leur côté, ou en tandem, interrogeant des personnes différentes. À chaque fois que le nom de Jen Handel est évoqué, cela fait surgir des souvenirs du passé, soit de la relation de l'interlocuteur avec elle, soit de ce qui l'a motivé à intégrer la communauté de Grass Kingdom. Ainsi le scénariste associe une enquête réalisée par partie grâce à différents personnages, à la découverte d'une partie du passé de quelques-uns des membres de la communauté.



Par contre, le lecteur retrouve inchangée la manière qu'à Tyler Jenkins de réaliser ses planches. Il continue de détourer les formes avec un trait très fin, pas toujours jointif, pouvant sembler tremblé par endroit. S'il se livre à l'exercice de ne considérer que les traits encrés, le lecteur a l'impression de regarder des dessins aux contours rapidement esquissés, sans repasse pour lisser les contours. À certains endroits, il utilise parcimonieusement de petits aplats de noir aux formes irrégulières. Il y a quelques traits dans certaines formes détourées pour indiquer un pli dans un habit, ou une aspérité, une texture. S'il reste dans cette vision des cases, il remarque aussi que l'artiste peut réaliser plusieurs cases sans arrière-plan, jusqu'à une page entière. Pourtant l'impression globale de lecture est fort différente. En effet, Tyler Jenkins continue à réaliser lui-même sa mise en couleurs à l'aquarelle avec Hillary Jenkins, ce qui change complètement l'apparence des pages. En particulier, les séquences en extérieur étonnent par la vie qui s'en dégage, alors que les contours des formes sont tout autant esquissés. Pour la séquence d'ouverture, le dessinateur a dessiné rapidement quelques formes de feuillage d'arbre, une barrière et quelques langues de terrain. La peinture y apporte de la texture, faisant ressortir les arbres, les différents sols, les flaques d'eau, donnant une impression de grand air. Quelques pages plus loin, Bruce et Robert avancent dans l'herbe haute, représentée par quelques traits, mais à nouveau l'aquarelle lui donne de la consistance.



Lorsque Pike se souvient de son passé avant Grass Kingdom, les pages montrent une cabane sous la neige, puis juste la neige. Là encore, quelques touches d'aquarelle font des merveilles pour apporter le relief nécessaire sur la page blanche. Il faut que le lecteur prenne un peu de recul pour se rendre compte de l'économie de moyen avec laquelle l'artiste réussit à animer le blanc de la page. Jenkins fait preuve d'un savoir-faire extraordinaire pour ainsi habiller ses traits encrés, avec une discrétion délicate. S'il veut en prendre la mesure, le lecteur peut focaliser son attention sur la couleur du ciel quand il est visible et regarder les différentes teintes qu'il peut prendre en fonction des séquences. L'artiste gère le degré de détails de ses dessins avec maestria. Il peut donc passer de silhouettes rapidement tracées pour une conversation, sur un fond vide, à la représentation de l'appareillage électronique tapissant un mur de la maison des sœurs Satellite, avec tous les degrés intermédiaires, par exemple des voitures plus ou moins génériques, ou plus ou moins précises.



Ainsi emporté par la narration visuelle très personnelle, le lecteur découvre une partie du passé de quelques habitants, leurs relations interpersonnelles, l'existence d'un historique entre eux avec des secrets de nature différente, pas forcément criminelle. Par le biais de cette structure sophistiquée, Matt Kindt déroule donc une enquête délicate sur des faits passés depuis plusieurs années, auprès d'individus très attachés à leur vie privée, ayant adopté un style de vie non-conformiste. S'il a déjà lu d'autres ouvrages de Kindt, il sourit en voyant qu'un personnage mentionne l'écrivain P.K. Verve, auteur fictif mentionné pour la première fois dans Revolver (2010) de Kindt. Le scénariste ne dépeint pas les habitants de la communauté comme des illuminés, ou de dangereux criminels ayant choisi cette solution pour échapper à la justice. Il s'agit d'individus ayant été en butte avec un milieu social ou professionnel qui ne correspondait pas à leur personnalité. Du coup, pour eux, la communauté de Grass Kingdom représente un idéal qu'ils entendent bien préserver et faire vivre. En particulier, Maria ne peut pas supporter l'idée que certains membres foulent au pied les principes de justice et de vérité, apposés à la devise des États-Unis, et qu'elle retrouve les mêmes compromissions que dans la société normale. Au fur et à mesure des discussions pour essayer de reconstituer les faits, les interlocuteurs évitent de porter des jugements, l'un d'entre rappelant même qu'on est tous le héros de notre vie.



En quelques pages, le lecteur retrouve vite la saveur unique de la narration visuelle de Tyler Jenkins, entre esquisse avec aquarelle éthérée, et représentation concrète et lumineuse, dépaysante, attachante, et personnelle. Il s'attend à voir les conséquences de la violence du tome précédent, mais en fait il découvre une enquête à la forme particulière, sur le meurtre potentiel de l'institutrice de la communauté, ainsi que les motivations et les convictions de plusieurs habitants, pour un polar révélant de nombreuses subtilités.
Commenter  J’apprécie          110
Grass Kings, tome 2

Dans la petite communauté de Grass Kingdom, en marge de la société américaine, les trois frères se posent des questions. Parmi tous ses désespérés de la vie, n'y aurait-il pas un assassin? Leur communauté libertaire n'abriterait-elle pas "le tueur courant d'air"?



Dans le premier tome, on faisait connaissance avec les différents protagonistes même si on avait plutôt survolé les différents hommes et femmes du Grass Kingdom pour se concentrer sur les trois frères et leur ennemi de la ville voisine.

Les trois frères vont débuter une enquête sur la mort étrange de leur institutrice, il y a quelques années. A travers cette enquête on s'approche d'un peu plus près des personnalités peuplant le Grass Kingdom. L'histoire quant à elle vire au polar/thriller. On s'attend à des nouvelles surprises pour le tome 3.
Commenter  J’apprécie          100
Grass Kings, tome 2

Retour à Grass kings, cette petite communauté menée par trois frères... cette dernière cacherait-elle un meurtrier ? Robert et Bruce, deux des frangins, vont s'intéresser à la mort violente de Mme Handel, survenue il y a un moment...



L'intrigue continue à se mettre en place, progressivement. On en apprend un peu plus sur le passé des différents protagonistes de Grass Kings. La construction de ce second tome m'a également plu, les personnages se succédant pour donner chacun à leur tour des indices sur la mort de Mme Handel. Le dessin, tenant de l'aquarelle, demeure par ailleurs remarquable, tout comme les couleurs. Le tome 3 m'attend désormais ...
Commenter  J’apprécie          100
Grass Kings, tome 3

Fin de la série avec ce T3



Nous revenons sur les différents meurtres de « l'assassin courant d'air » qui a été le déclencheur du conflit entre le père et le fils Humbert, à l'époque shérif et shérif adjoint.

Humbert Jr, à la mort de son père, se montre frustré que ce dernier n'ait pas progressé dans l'enquête. Il s'est donc mis en tête de trouver un coupable pour asseoir son autorité aux yeux de tous.

Dans le royaume de Grass Kings, les choses se sont compliquées.



Tout est prêt pour une explosion au sens propre et figuré.

Seule la découverte de « l'assassin courant d'air » pourra faire cesser la machine infernale qui s'est mise en place depuis la réouverture de certaines pages du passé.



Un scénario implacable, digne des grands thrillers graphiques et une mise en couleur par Hilary Jenkins magnifique. Chaque planche, chaque dessin est une aquarelle de toute beauté.



Une série à découvrir!
Commenter  J’apprécie          100




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Tyler Jenkins (121)Voir plus

Quiz Voir plus

Dragon ball et Dragon ball Z

(Super facile) Combien d'enfant a Son Goku ?

1
2
3
4

10 questions
767 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}