Valerie Bocci

" J'écris des romans sur de possibles avenirs déplaisants dans l'espoir que nous ne les laisserons pas devenir réalité" M. ATWOOD...c'est à elle que j'ai pensé immédiatement à la lecture du livre de Valérie Bocci... lu d'une traite, comme il se doit, quand on est pris ( les yeux piquent tard dans la nuit mais c'est impossible d'arreter la lecture )... les migrants , les étrangers les boucs-émissaires comme les juifs naguère et le fascisme ordinaire, celui de notre pays . Blanchot avait appelé ça "la folie du jour " et Leslie Kaplan a publié assez récemment Désordre ...des fictions? Des dystopies comme on dit aujourd hui? Peut-etre avant tout des livres féminins, politiques ,incendiaires...

Histoire captivante, personnages bien construits et attachants !



Un récit à découvrir absolument ! J’ai particulièrement apprécié les transitions entre les époques ! Certains passages sont très prenants, il est très facile de s’imprégner de l’atmosphère et les émotions transmises par les personnages fonctionnent très bien !

Lu d’une traite, intrigant et dangereusement actuel, j’ai dévoré ce livre à la fois profond et facile à lire, qui interroge et fais sourire, mais nous plonge aussi dans le Paris de 1938 avec une réelle recherche qui intègre encore plus le lecteur dans le roman.

Bravo à l’autrice

Le livre de Valérie Bocci est de ceux qui font froid dans le dos avec une économie de moyens remarquable. Juste la force des mots et celle des situations.

Accepté ce frisson, l’auteure montre, avec une rigueur et une froideur quasi cliniques, l’enchaînement impitoyable et implacable de mêmes évènements – pourtant distants dans le temps - mais que l’on croyait, à jamais et à tort, perdus dans les oubliettes de l’histoire….et les tréfonds de nos mémoires.

Ces évènements resurgissent, sous une forme à peine différente, mais sans que les protagonistes ne fassent de liens ni de rapprochements entre les deux temporalités pourtant si peu éloignées.

On retrouve cette froideur clinique infiltrée dans l’écriture même de l’auteure qui, à aucun moment, ne sombre dans le sentimentalisme, le lyrisme morbide ou le moralisme racoleur.

Juste des faits et, discrètement tragiques, des gens pris à deux époques différentes avec les séismes de l’histoire. Nous voyons alors la petite histoire des petites gens subissant la folie de la grande.

C’est la même rigueur dans la structure du livre même qui juxtapose deux temporalités éloignées reliées malgré tout par un carnet noir, témoin d’une autre époque et d’une autre souffrance, mais qui, au fond, sont déniées.

Ce livre démontre, au passage, au travers du concept de répétition, que celle-ci ne s’applique pas au seul et vaste domaine de l’intrapsychique. Elle a, comme Freud le suggérait, une authentique dimension anthropologique et confirme

que « c’est ainsi que les hommes vivent ».



Jean-Pierre Vidit

Membre correspondant de l’Académie nationale de Metz