Tout part d’un déménagement. Grace quitte sa ville natale pour arriver à Prescott. Sauf que, dans sa maison, elle va trouver des messages de détresse de son ancienne résidente, Lucy Monyhan. Et va comprendre que celle-ci a quitté la ville après l’accusation d’être une menteuse quand elle affirme qu’elle s’est fait violée. Grace, accompagnée de Rosina et Erin, les deux filles « bizarres » du bahut, va protester contre la culture du viol et créer un groupe pour souder les filles : Les Filles de Nulle Part.
Le roman tourne toujours autour de Lucy, pourtant elle n’interviendra que dans un court passage. Je me suis attachée à cette jeune fille sans jamais lire son point de vue ou l’entendre à travers les personnages.
Nous suivons une transformation assez flagrante des personnages comme Grace, Erin et Rosina, et globalement du groupe tout entier des filles de nulle part. Ce groupe va les souder et leur permettre d’affronter les garçons coupables, fières, sans plus se cacher.
« Parfois, ce sont les anomalies de la nature qui se révèlent les plus fortes. »
Certains propos des garçons sont révoltants tant ils débordent de sexisme qui n’est même pas caché. On se dit que ce n’est pas possible de lire ou de dire ce genre de choses et pourtant c’est bel et bien la réalité de certaines personnes.
Les pages défilent à une vitesse ahurissante, tant qu’on en redemande encore à la fin. On veut savoir si les filles vont obtenir justice.
Les discussions du groupe des filles sont des passages vraiment intéressants. Les filles y discutent sans aucun tabou, exprimant leurs différents points de vue autour de tous les sujets, et évoquant des problèmes bien réels : Si une fille couche avec plusieurs garçons, elle est insultée, de l’autre côté, le garçon sera admiré. Cela évoque un réel problème d’égalité dans notre société, qui n’est pas seulement au niveau de la différence d’argent mais également des mentalités.
J’ai eu la sensation assez enivrante d’être dans l’histoire, aux côtés de ces filles et à me battre avec elle contre cette injustice. J’ai ressenti toutes leurs émotions, leur rage comme leur désespoir.
Je n’ai toutefois pas de personnages préférés mais j’ai un coup de cœur pour le groupe avec ses multiples points de vue, sa diversité sous tous les aspects. Également, j’étais en colère contre les injustices qui reviennent contre elles : les adultes qui veulent réprimer ce groupe sans lui accorder plus d’attention, qui veulent défendre les trois violeurs car ils sont beaux, populaires et ont un bel avenir. Pourquoi auraient-ils le droit de s’en sortir alors qu’ils ont détruit une vie ?
La rage que nous donne les personnages nous donnent envie de combattre, et elle semble même sortir de cette histoire pour nous toucher nous, lecteurs, nous ouvrir les yeux. Les témoignages de viols, particulièrement difficiles, renforcent cette colère. Ces filles méritent justice car on leur a brisé leur vie, leur adolescence.
On pourrait finir ce livre, le reposer et passer à autre chose, comme s’il était une fiction. Hélas non, il exprime bien la société dans laquelle nous vivons, avec plus de langues qui se délient actuellement grâce aux mouvements Me Too par exemple. Il faut que plus de monde sache, que nous bougions le monde, car c’est inadmissible de rester ainsi, ancrer dans des traditions datant d’il y a des décennies.
Ce beau message est porteur d’espoir et ce livre donne de l’espoir. Car il faut se battre pour faire bouger les choses, même si ce sera difficile et compliqué, et arriver à un monde meilleur. Et il faut diffuser ce livre, le faire lire le plus possible, car c’est un des ouvrages qui a le pouvoir de faire bouger les choses et que certaines personnes se rendent compte qu’il y a un problème.
Pour conclure :
Une lecture engagée contre la culture du viol qui dénonce le sexisme d’actualité. Rempli d’injustice, de colère et d’espoir, il est impérativement à diffuser autour de soi et à lire car il peut faire ouvrir les yeux et faire changer les choses.
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