AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de verobenjiorphee


VICTOR HUGO

LES PLUS BEAUX POÈMES


L’Année terrible – Ô Charles

Ô Charles ! Je te sens près de moi. Doux martyr,
Sur terre où l’homme tombe,
Je te cherche, et je vois l’aube pâle sortir
Des fentes de ta tombe.

Les morts, dans le berceau, si voisin du cercueil,
Charmants, se représentent ;
Et pendant qu’à genoux je pleure, sur mon seuil
Deux petits enfants chantent.

Georges, Jeanne, chantez ! Georges, Jeanne, ignorez !
Reflétez votre père,
Assombris par son ombre indistincte, et dorés
Par sa vague lumière.

Hélas ! Que saurait-on si l’on ne savait point
Que la mort est vivante !
Un paradis, où l’ange à l’étoile se joint,
Rit dans cette épouvante.

Ce paradis sur terre apparaît dans l’enfant.
Orphelins, Dieu vous reste.
Dieu, contre le nuage où je souffre, défend
Votre lueur céleste.



Moi-même un jour, après la mort, je connaîtrai
Mon destin que j’ignore,
Et je me pencherai sur vous, tout pénétré
De mystère et d’aurore.

Je saurai le secret de l’exil, du linceul
Jeté sur votre enfance,
Et pourquoi la justice et la douceur d’un seul
Semble à tous une offense.

Je comprendrai pourquoi, tandis que vous chantiez
Dans mes branches funèbres,
Moi qui pour tous les maux veux toutes les pitiés,
J’avais tant de ténèbres.

Je saurai pourquoi l’ombre implacable est sur moi,
Pourquoi tant d’hécatombes,
Pourquoi l’hiver sans fin m’enveloppe, pourquoi
Je m’accrois sur des tombes ;

Pourquoi tant de combats, de larmes, de regrets,
Et tant de tristes choses ;
Et pourquoi, Dieu voulut que je fusse un cyprès
Quand vous étiez des roses.
Commenter  J’apprécie          40





Ont apprécié cette citation (4)voir plus




{* *}