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Critiques de Vincent Rahir (6)
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La beauté sûre de nos vies

Aujourd'hui est un jour qu'Antoine n'oubliera jamais. Il s'apprête à partir au travail lorsque le téléphone sonne. Une voix blanche à l'autre bout du fil : « Elle est morte ». Le monde d'Antoine s'écroule. C'est vrai, Christine, il ne l'a rencontrée que depuis moins d'un an. Pourtant, c'était évident, elle était la femme de sa vie. Lorsqu'elle est partie pour quelques jours chez ses parents, Antoine était loin de se douter qu'il ne la reverrait jamais. Comment faire pour se relever d'un tel drame ?

Le roman de Vincent Rahir expose l’histoire d'un deuil impossible. Dès qu'il a vu Christine, Antoine s'est mis à bâtir des rêves dans lesquels elle jouait le premier rôle. Ce bonheur, qu'il estimait éternel, n'aura duré que quelques mois. Il n'arrive pas à accepter cette nouvelle.

Au départ, la mort de Christine n'est qu'un tragique accident. Toujours pressée, la jeune femme sort de sa chambre en coup de vent. Elle se prend les pieds dans la moquette décollée et chute dans l'escalier. Que dire ? Que faire ? Rien. C'est la vie. L'injustice de la vie. Antoine va donc faire la connaissance de ceux qui auraient dû devenir ses beaux-parents à l'occasion des funérailles. Et là, peu à peu, les choses vont se compliquer.

Vincent Rahir construit son récit autour d'Antoine. S'il est le centre de l'histoire, il n'est pourtant pas vraiment là. La mort de Christine l'a détruit. Et rien ni personne n'arrive à le consoler. Autour de lui gravitent des personnages qui, eux aussi, sont seuls. Il y a les parents, Franck et Fabienne. Au fil des pages, touche par touche, Vincent Rahir complète leurs portraits. Et ils sont beaucoup moins simples qu'on ne le pensait au début. Ils gardent enfermés au fond d'eux-mêmes de lourds secrets qui les rongent.

Fabienne a perdu sa fille unique. Elle tente de se raccrocher à Antoine. Mais que pourrait-il faire pour la consoler, lui qui est lui-même un écorché vif ? Elle ne peut pas non plus compter sur son mari. Franck ne fait pas face à l'adversité. Il se noie dans l'alcool.

Antoine fait la connaissance de l'énigmatique Nora. Elle l'attire en raison de sa troublante ressemblance avec Christine. Elle semble apparaître et disparaître comme par magie. Plus il tente de l'approcher, d'en savoir davantage sur elle, plus elle se dérobe et lui échappe. Elle est présente à l'enterrement, mais ne pénètre pas dans l'église. Elle semble rôder dans le cimetière. Parfois, Antoine croit l'apercevoir, vêtue de son manteau blanc et de son écharpe rouge. Mais lorsqu'il approche, elle n'est plus là. S'il interroge Franck et Fabienne, ils se rétractent. Ils ne la connaissent pas.Or, Franck fonce comme une furie sur Antoine qui parlait avec elle. Franck la chasse sans ménagement. Pourquoi ?

Marie est la cousine d'Antoine. Elle est toujours présente pour le soutenir, l'aider, le consoler. Mais on ne sait pas très bien si elle le considère comme un ami ou si elle est amoureuse de lui.

Pour Aurélie, pas de doute, elle aime Antoine. Mais elle ne se fait guère d'illusions. Elle dit elle-même qu'elle n'attire que les hommes qui la feront souffrir. Je n'ai pas aimé la façon dont Antoine se comporte avec elle.

Et puis, bien sûr, il y a Nora. Quand on apprendra son histoire, on sera horrifié. Et cependant, cette femme ne m'a pas plu. Toujours en noir, Nora symbolise pour moi le mal. Le chagrin l'a rendue mauvaise. On dirait que ce qu'elle ne peut pas avoir, elle le détruit.

Enfin, on va pouvoir se faire une image en creux de Christine qui se dessine à travers le regard des autres. Certes, depuis la première page, elle est morte. Et c'est pourtant le personnage qui a, peut-être, le plus de poids, en raison de ce qu'elle représente pour tous ceux qui l'entourent.

Je me suis interrogée sur le sens du titre. Comment faut-il comprendre l'adjectif « sûre » ? Comme « certaine » ou comme « acide » ? A un moment, Antoine se souvient. Christine adorait les bonbons Napoléon. Elle disait que, lorsqu'on les mettait en bouche, ils étaient sucrés, mais lorsqu'on les laissait fondre, ils révélaient une poche sûre et piquante. A la fin, ils se brisaient en petites lamelles acérées comme des aiguilles, coupantes comme des poignards, qui blessent les papilles. Cette image est, mon avis, le symbole du livre. Antoine vit une période de douceur et d'amour qui se fracasse lorsque sa bien-aimée disparaît, lui causant une douleur poignante et térébrante qui lui ronge le cœur. Chaque fois qu'il croit que son mal va s'apaiser, les souvenirs reviennent le piquer comme des pointes, comme les esquilles des barreaux cassés à la rampe de l'escalier, rappelant que Christine est passée au travers avant de s'écraser sur le mur. Comme les verres et les vitres qui se brisent.

J'ai aimé suivre Antoine lorsqu'il déambule dans des endroits qui me plaisent et que Vincent Rahir évoque particulièrement bien. La passerelle qui, à Liège, mène au parc de la Boverie. La plage d'Ostende, la digue, l'estacade. Car, ce que j'ai vraiment savouré, c'est l'atmosphère émouvante et mélancolique, le style poétique et musical : « Indécis, le cœur qui refuse de fermer une porte (…) Indécis l'esprit qui sourit en la regardant s'éloigner (…) Indécis le cœur, le cœur, ah si seulement le cœur pouvait être moins lourd (…) la vie, la vie qui est là, dit l'esprit, mais le cœur, lui, se sent lourd (…) Le cœur saigne. »

Ce sont surtout ces sortes de mélopées marquant bien les hésitations, le désarroi d'Antoine, que j'ai particulièrement aimées.

Un livre pourtant triste, qui m'a laissé sur la langue les éclats coupants d'un bonbon acidulé.

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La beauté sûre de nos vies

Ce livre magnifique est la preuve qu'il est possible d'allier en une même œuvre un vrai suspense au départ d'une intrigue a priori sans consistance (a priori seulement !), une étoffe réelle et profonde à chacun des personnages quel que soit son degré importance dans le récit, une langue et un style impeccablement maîtrisés sans jamais perdre pour autant fluidité et naturel, mais surtout une précision et une justesse incroyables.

Que ce soit dans une évocation fuyante ou au contraire une description minutieuse d’émotions (et elles peuvent être viscérales), de souvenirs (souvent au goût de madeleines), de rapports à l’humain ou à la nature, c’est une évidence : chaque mot est celui-là même qui devait être convoqué, à cet instant à cet endroit.

C’est un beau livre. Il fait rire, il fait pleurer, il fait se souvenir, il fait regretter et il fait espérer. Mais surtout, comme on dit là où il a été écrit, il fait « avoir bon » !

Par plaisanterie à l’auteur, je déplorais qu'une réforme de l’orthographe ait gommé de nombreux accents circonflexes, mais il y en a bel et bien au moins un, le plus important de tous, et il est dans le titre.

P. Bruyère

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La beauté sûre de nos vies

Se mettre sous la couette avec un bon livre? Se relaxer devant la cheminée après une journée de stress? Vous avez le bon livre sous la main. Ce livre m’a tenu en haleine jusqu’au bout. Une histoire qui nous fait entrevoir les différentes facettes de nos vies.

Je recommande vivement!

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La beauté sûre de nos vies

C'est l'histoire d'Antoine, un jeune homme sensible qui, comme bon nombre d'entre nous, se retrouve aux prises avec les aléas de la vie et va puiser en lui les ressources pour les affronter.

On entre aisément dans le récit qui semble, de prime abord, facile mais l'auteur nous emmène de plus en plus loin aux côtés d'Antoine, jusqu'au crescendo des révélations finales ! Sans être un thriller, il y a du suspense.

La plume est élégante sans être lourde et le texte contient beaucoup de belles images.

Une lecture tout à la fois agréable et profonde.
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La beauté sûre de nos vies

Le récit de ce roman est intriguant et nous tient en haleine du début à la fin.

Qui était réellement Christine, morte accidentellement et dont Antoine, le petite ami vit mal le deuil. Mais surtout, qui est Nora, cette femme qui lui fait penser à sa petite amie décédée et qu'il rencontre pour la première fois le jour de l'enterrement ?

L'atmosphère qui plane tout au long de cette lecture est tellement remplie de mystères que tel un bon film, on a hâte d'en connaitre la fin.

Une fin aussi surprenante que touchante.

D'ailleurs, en lisant ce roman, j'ai parfois eu l'étrange impression de regarder un film tant l'univers et les scènes y sont détaillés.

Pour son intrigue et son dénouement, je recommande vivement la lecture de ce roman !




Lien : https://www.babelio.com/livr..
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La beauté sûre de nos vies

Un roman à l'écriture envoutante et rythmée, qui nous prend par la main et ne nous lâche plus. J'ai beaucoup aimé le crescendo jusqu'au grand finale. Je l'ai lu presque d'une traite. Le style visuel et cinématographique nous fait parfaitement ressentir les ambiances et nous rend touchant des personnages profonds, tiraillés par leurs émotions.
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