Que dire...malgré un solide intérêt pour l'anthropologie/ethnographie (voire une approche de ce domaine pendant mes études) et la promesse du titre - avec dans ma besace quelques notions de l'étude du chamanisme dans d'autres régions que le sous-continent indien - je ne suis pas parvenue à faire une lecture suivie pendant 500 pages.
Cette réédition, sous l'égide du Musée des confluences à Lyon, contient la somme d'observations et d'analyses engrangées pendant une quinzaine d'année par deux chercheurs curieux, émérites, respectueux des cultures et avides de faire connaître un peuple minuscule perdu dans les replis austères de l'Indu Kush aux marges du Pakistan, de l'Afghanistan, de la Russie (encore dénommée URSS dans la carte page 21 de cette nouvelle édition de 2018) et de la Chine... elle est un peu indigeste.
Le sujet est extrêmement intéressant. On y voit l'évolution, sous les coups de boutoirs des gros voisins oú l'Islam prédomine, d'une société pastorale initialement polythéiste, voire syncrétique. Les hommes faisant office de chamanes semblent être parvenus à faire évoluer leur société pour lui éviter d'être totalement phagocytée par le rouleau compresseur musulman pakistanais. Tristement, on voit que cette évolution et cette lutte semble s'être faite au prix de la liberté et de l'image des femmes, désormais symboles d'impureté. En passant, l'hécatombe des chèvres et autres quatre pattes sacrifiés constamment pour apaiser le courroux des dieux et redresser les manquements au code de comportement de cette société emmène parfois la lectrice (les hommes ont peut-être l'estomac mieux accroché) au bord de la nausée. Par contre les "fées" et leurs rencontres avec les jeunes bergers isolés dans les montagnes apportent une légèreté de bon aloi.
Une somme intéressante, à emprunter à la bibliothèque : j'ai regretté mes 26€ alors que je faisais l'impasse sur des chapitres entiers. J'ai tenu bon pendant la première partie, qui pose le cadre (145 pages), butiné la 2ème (spécificité du chamanisme kalash), survolé la 3ème partie (les menaces extérieures pesant sur ce système), pour enfin lire presque presque in extenso la 4ème partie (les 100 dernières pages) avant d’allégrement ne faire qu'une bouchée des 5 pages de la conclusion avec un sentiment de devoir accompli.
La dense bibliographie, marque du sérieux de l'approche universitaire, fait l'impasse sur un livre culte sur le chamanisme - d'un autre universitaire outre-atlantique, Michael Harner, qui a osé transgresser l'approche anthropologique pour aller lui-même expérimenter les états de conscience modifiée du chamanisme. Allez faire un tout du côté de sa "La voie du chamane", si les Kalash vous ont ouvert l'appétit.
Un ouvrage plus ramassé d'environ 200 pages maximum aurait des chances d’intéresser le grand public. Mais nos deux chercheurs ont depuis explorés bien d'autres projets intéressants et variés.
Belles photos d'Hervé Nègre... pas très bien reproduites.
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Cela faisait longtemps que je souhaitais lire ce livre car non seulement il parle d'une ville et d'un pays dont je suis originaire et que j'ai pris plaisir à déambuler au travers des recherches de l'auteur dans les rues et quartiers de cette ville que je connais bien.
Sinon, le parcours initiatique de l'auteur dans "Lisbonne la ville noire" nous transportent au cœur de l'Afrique en plein Lisbonne et de l'histoire du Portugal.
Tant de traces laissées par des siècles d'Histoire du peuple noir que je ne connaissais même pas pour ma part dans le quotidien de cette ville, de ses habitants et du peuple Portugais.
Un regard tel que tout Lisboète qui se plongera dans ce récit verra sa ville d'un autre œil dorénavant.
Tout comme, toutes les personnes qui la visiteront prochainement le feront sans doute avec une autre vue.
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