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Critiques de Vladimir Vissotski (2)
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Ballades

"Je ne mens pas, tout ceci est vrai.

Il s’en tenait au style le plus pur

Et sur la neige il écrivait...

Les neiges, hélas, jamais ne durent..."

("Le vol arrêté")



"Comment t'appelles-tu ?" "Que manges-tu au petit déjeuner ?"

Voilà deux phrases-type avec lesquelles on a commencé à apprendre le russe au collège. Le prof a arpenté la classe en les aboyant au hasard, et on répondait tous bien... ce n'était vraiment pas difficile ! Sauf notre pote Tartine-au-beurre, qui a répondu sans aucun complexe : "Je m'appelle tartine au beurre", en confondant les deux questions avec un je-m'en-foutisme magistral.

Tartine-au-beurre était sans doute de ceux qui ne vont jamais pouvoir apprécier les textes de Vissotski dans l'original, mais je suis persuadée que c'est encore lui qui aurait le plus plu au chanteur russe. C'était un gars naturel qui était au-dessus de toutes les futilités, en se concentrant uniquement sur les choses importantes, comme la pêche. Quand il parlait, c'était pour dire vraiment quelque chose. Il se moquait royalement de ce sobriquet qui lui est resté jusqu'au bac, car il savait déjà faire la différence entre le superflu et l'essentiel dans la vie. Il pouvait être à la fois sérieux, drôle et émouvant : une sorte de rebelle poétique, un "homme-loup", tout comme Vladimir Semionovitch Vissotski.



Vissotski, Okoudjava, Bitchevskaia... font partie des icônes de la chanson russe des années 60-80. Inimitables et pleins de caractère; Vissotski en plus en tant qu'acteur (jetez un oeil, par exemple, sur son monologue de "Hamlet" !)

Il ne peut pas passer inaperçu. La voix au bord d'un collapse nerveux, coeur dans la gorge et les paluches qui pourraient tout aussi bien tenir une pioche qu'une guitare à sept cordes. Oui, sept ! Mais comme il avait plusieurs cordes à son arc, cette corde supplémentaire n'est pas en trop. Peut-être que c'est cette fameuse "corde sensible" matérialisée ? Ou peut-être bien la corde au cou...

Rien qu'à lire ses textes, on leur trouve une force incroyable, mais il m'est impossible de les dissocier de sa voix. L'écouter fait presque peur : il interprète ses chansons avec une passion capable d'enflammer le bois mouillé. Vous n'avez même pas besoin de comprendre; c'est déjà une expérience en soi. Sans parler du merveilleux bonus quand vous comprenez... ah !



Ses chansons et ballades sont tristes, provocantes, poétiques, cyniques, mélancoliques, sarcastiques... tout ce que vous voulez. Il peut passer du doux lyrisme à la satire acérée; il parle de la nature sauvage, raconte des petites histoires de rien du tout (comme celle d'un soldat qui reçoit une lettre de rupture quelques minutes avant le dernier assaut), ou sa chanson est conçue comme une lettre (parfois désespérément comique) adressée aux autorités. Vous trouverez toujours quelque chose qui va se marier parfaitement avec n'importe lequel de vos états d'esprit.

Avec "Le vol arrêté" et "Il n'est pas revenu du combat" je faisais un carton aux concours communistes (!) de récitation. Un poète tout juste toléré, mais capable de clouer au fauteuil n'importe quel camarade du jury, à peu près sensible au sens des mots et barbiturisé par les éternelles déclinaisons de Pouchkine et de Maïakovski.



"Le printemps emprisonné s’est soudain libéré

Je lui ai lancé un "Tu as de quoi fumer, l’ami ?"

mais seul le silence m'a répondu.

Hier, il n’est pas revenu du combat."



Et mon favori personnel qui, selon mes calculs, devrait faire fondre en larmes même le terrible inquisiteur Bernard Gui :



"On allume les chandelles pour moi le soir

Et ton image en est toute obscurcie.

Que le temps guérit, je ne veux pas le savoir

Ni que tout passe et s’en va avec lui."



Mais il y en a tant d'autres que j'aimerais citer : "Dialogue devant la télé", "Ma double destinée", "Instructions avant de partir à l'étranger"... Vous trouverez difficilement un poète plus universel. Il fait un peu penser à Brassens, Brel, et tous ces chanteurs qui n'ont pas besoin de faire couler de fausses larmes pour faire passer un message. Je n'ai pas lu le livre de Maryna Vlady; je sais seulement que malgré une certaine liberté que Vissotski avait grâce à ce mariage, il aimait retourner au pays, même en ayant toujours quelque chose à redire. Il vivait à 200%, et ce n'est pas le régime communiste qui a eu raison de lui, mais cette vie hectique , la drogue et la pression de ses fans. Encore un qui est parti trop tôt. Le vol arrêté...



"C’est drôle, n’est-ce pas? Et je rigole

A mon tour avec tous les autres.

Le cheval en plein galop, l’oiseau en plein vol...

A qui la faute? A qui la faute ?"



Alors, juste merci. Cinq étoiles non pas seulement au livre, mais aussi pour le fait que, de temps en temps, de telles personnes existent. Comme Vissotski, ou même ce sacré Tartine-au-beurre...
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Ballades

Reçu enfin le livre des Ballades de Vissotsky, en bilingue, avec la superbe traduction de Michel et Robert Bedin. Toujours soufflée par la beauté des textes.


Lien : http://vitanova.blogspot.com..
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