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Citation de Belem


 Comme quelque 150 000 Kikuyu, mon père était aussi de cette première génération d'hommes kenyans qui quittèrent leur village des réserves indigènes et leur famille pour aller travailler dans les fermes des colons blancs et gagner de l'argent. Avant l'arrivée des Britanniques, les peuples africains ne connaissaient pas l'économie monétaire. La principale monnaie d'échange était le petit et le gros bétail, surtout les chèvres. Pour un bout de terre, la dot de la mariée ou la rémunération d'un service, il en coûtait tant de mbũri (chèvres). La vie d'un homme était évaluée à environ trente chèvres, celle d'une femme ou d'un enfant valait moins.
Quand les administrateurs coloniaux ont institué l'impôt pour financer le développement local, ils n'avaient bien entendu aucune envie de se faire payer en chèvres. Ils voulaient du bon argent, sonnant et trébuchant – apanage, jusqu'alors, des seuls fonctionnaires et colons blancs. Et, incidemment, ils voulaient aussi mettre en valeur la main-d'œuvre du pays sans en passer par le travail forcé. L'impôt obligatoire sur le revenu des hommes offrait la solution idéale : il tordait, pour ainsi dire, le cou au bétail comme unité d'échange pour lui préférer une vraie monnaie, et contraignait indirectement les Africains à se faire embaucher contre salaire dans les fermes des colons ou les bureaux de l'administration pour s'acquitter de leur dette envers l'État. »
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