Critiques de William E. Wallace (1)
Il est dommage que ce beau livre n'ait pas davantage de place dans les librairies, réelles ou virtuelles.
Il présente en effet la vie du grand maître par le biais d'un texte bien écrit, agréable à lire, et qui ne se la raconte pas. Michel-Ange, on le sait, était d'une nature secrète et solitaire, peu encline à laisser beaucoup de grain à moudre à de futurs biographes. Il est pourtant possible de se faire une idée plus fine de l'homme qu'il fut, puisqu'il a laissé quelques sonnets, une facette de son talent moins bien connue qui découvre un pan plus intime.
Pour le reste, bien sûr, la notoriété est telle qu'il est difficile de faire preuve d'encore quelque originalité à son égard. Pourtant, ce livre y parvient, dans la pratique à laquelle il recourt pour focaliser le regard sur les détails significatifs des compositions, un cache qui ouvre de petites fenêtres assorties de commentaires sur les parties de l'oeuvre ainsi mises en exergue. On tourne ensuite ce cache et tout l'ensemble se révèle alors à l'admirateur, plus à même d'en goûter la profondeur. C'est très astucieux.
Au fil des pages, on prend la mesure du parfait degré de maîtrise et du génie de Michel-Ange, très tôt exprimés dans la carrière de l'artiste, comme en témoigne par exemple son remarquable Bacchus.
Et aux esprits chagrins qui reprochent aux sybilles de Michel-Ange leur plastique d'hommasses, il faut rappeler qu'à l'époque, la bonne morale interdisait à un artiste de faire prendre la pose à des dames dans leur atelier. Michel-Ange employait donc des modèles masculins, ce qui, selon toute vraisemblance, se conciliait fort bien avec son tempérament. Il faut attendre l'audace de le Titien pour franchir le pas, mais cela est une autre histoire.
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