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Citation de wiljosh


Une scène particulièrement saisissante (de l'adaptation cinématographique des 120 journées de Sodome par Pier Paolo Pasolini) est celle où le Président, incarné par Aldo Valetti, force le jeune Carlo à dire "Non posso mangiare il riso" (Je ne peux pas manger de riz) avant de lui répliquer "E allora mangia la merda" (et alors mange donc de la merde !), et de lui faire effectivement ingurgiter des excréments.
Que Pasolini ait placé ce dialogue entre les mains du Président ne semble pas le fait du hasard. Ainsi personne n'ignore (...) que nos sans-abris se nourrissent du contenu de nos poubelles, et pour autant, aucun Président ne s'est jamais préoccupé de changer cet état de fait. (...) L'extrême cynisme du système se dévoile lorsque l'on voit, depuis quelques temps, les entreprises néolibérales placer des antivols sur les poubelles de leurs magasins pour empêcher les pauvres de s'y servir.
D'un autre côté, évoquons ce que la culture de masse présente comme l'idéal alimentaire néolibéral : le hamburger. Le sujet néolibéral en raffole, il n'y a qu'à voir les queues impressionnantes constatées en France aux portes des grandes enseignes de restauration rapide, dès leur réouverture durant le confinement (au printemps 2020). Les Français consomment 1,2 milliards de hamburgers par an, soit 18 hamburgers par habitant, en dépit des mises en garde de la communauté médicale quant à leurs effets nocifs sur la santé (...), et en dépit de l'étude rigoureuse réalisée en 2015 par Consumer reports qui a montré la présence systématique de traces de matières fécales et de diverses bactéries notamment intestinales dans les steaks hachés. Ainsi l'identification de l'aliment phare de l'alimentation néolibérale à de la merde n'est pas seulement métaphorique, elle est bien réelle. Et si cet aliment est aussi prisé dans le système, c'est précisément (...) qu'il relève de la modalité de jouissance prépondérante dans cette société : l'immédiateté.(...) Grâce aux fast-foods, pas le temps de désirer, pas besoin d'attendre comme dans un restaurant traditionnel, votre repas vous est servi instantanément grâce aux innombrables modalités d'accès aujourd'hui disponibles : comptoirs, drives, livraison à domicile. La jouissance de manger de la merde est instantanée. (Chapitre 5.6 "De l'éthique sadienne au totalitarisme : le tropisme néolibéral" pp. 191-192)
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