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Citation de Charybde2


L’histoire des pavillons de complaisance a apparemment autant d’origines naturelles qu’artificielles et humaines. Pour les armateurs, elle représentait une profonde libération. En s’ouvrant sur le marché mondial, ils comprirent que, plutôt que de subir, comme tout citoyen ordinaire, l’arbitraire des lois de leur pays d’origine, ils pouvaient choisir celles qui s’appliqueraient à eux. Les avantages en étaient si énormes que même les armateurs les plus conservateurs et les mieux assis, et donc peut-être naturellement les moins enclins à abandonner les limites de l’État-nation, comprirent qu’ils n’avaient pas le choix. Qui plus est, grâce aux frais d’immatriculation, les armateurs pouvaient renflouer des gouvernements et corrompre des fonctionnaires ; les différents pavillons se faisaient concurrence et les conditions étaient toujours plus alléchantes. (…)
Cette mutation a eu pour résultat de placer les océans toujours plus hors de portée du contrôle des gouvernements. Pour les fonctionnaires maritimes et les spécialistes de la sécurité de Londres ou de Washington, ces capitales pétries de traditions et fidèles à la notion de puissance nationale, ces changements se sont révélés une surprise ces dernières années. En public, les officiels parlent encore bravement de l’impact des nouvelles réglementations et des promesses de la technologie, mais en privé, beaucoup d’entre eux reconnaissent que c’est le chaos, non le contrôle, qui a le dessus. Ils ont compris ce que les générations futures pourront voir bien plus clairement : notre monde est un océan et il est sauvage.
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