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Citation de Woland


[...] ... J'avais connu Louise avant son mariage. C'était alors une frêle et délicate jeune fille avec de grands yeux mélancoliques. Son père et sa mère l'entouraient d'une adoration attentive car une maladie, la scarlatine je crois, lui avait laissé un souffle au cœur qui exigeait les plus grands ménagements. Quand Tom Maitland demanda sa main, ses parents furent déconcertés car ils étaient convaincus qu'elle était beaucoup trop délicate pour supporter les rigoureuses obligations du mariage. Mais ils n'étaient pas très fortunés et Tom Maitland était riche. Il promit de faire tout ce qui était en son pouvoir pour protéger Louise et, finalement, ils la placèrent solennellement sous sa sauvegarde. Tom Maitland, beau garçon, solide et taillé en athlète, adorait sa femme. Il adorait Louise. Avec son cœur chancelant, il ne pouvait s'attendre à la garder bien longtemps ; aussi décida-t-il de faire tout ce qui était en son pouvoir pour embellir les quelques années qui lui restaient à passer sur la terre. Il abandonna les sports dans lesquels il excellait, non parce qu'elle en avait exprimé le désir - elle était heureuse au contraire de le voir jouer au golf et aller à la chasse - mais, coïncidence malheureuse, chaque fois qu'il se proposait de la quitter pour la journée, elle avait une crise cardiaque. A la moindre divergence d'opinion, elle cédait tout de suite, car elle était la plus soumise des femmes, mais son cœur flanchait et il lui fallait, douce et résignée, garder la chambre pendant une semaine. Il aurait fallu être un monstre pour la contrarier. Alors ils se disputaient gentiment pour savoir qui allait céder et il avait toutes les peines du monde pour la convaincre d'agir à sa guise. Un jour, la voyant marcher pendant dix kilomètres pour faire des achats dont elle avait particulièrement envie, je laissai entendre à Tom Maitland que sa femme était beaucoup plus robuste qu'il n'y paraissait. Il hocha la tête en soupirant :

- "Pensez-vous ! Elle est terriblement fragile. Elle a consulté tous les meilleurs cardiologues du monde et ils disent tous que sa vie ne tient qu'à un fil. Mais elle a une volonté indomptable."

Il lui dit que j'avais remarqué son endurance.

- "Demain, je vais le payer," me dit-elle d'un ton plaintif. "Je serai à l'article de la mort.

- J'ai comme l'impression que vous avez toujours assez de force pour faire ce qui vous plaît," murmurai-je. ... [...]
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