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Citation de fanfan50


Le plus grand calme régnait dans la maison ; on n'entendait que le bourdonnement des insectes, par la fenêtre ouverte. Sombrant bientôt dans une torpeur à mi-chemin entre la veille - j'avais conscience de reposer - et le sommeil - j'aurais été incapable de dire ce qui se passait autour de moi -, mon esprit enfiévré s'est libéré de mon corps fourbu ; il s'est empli de visions, et j'ai vu apparaître en songe Walter Hartright. Je n'avais pas pensé à lui de toute la journée - Laura n'avait pas fait devant moi la moindre allusion à lui - et pourtant je l'ai vu aussi nettement que si les jours anciens étaient revenus, et que, tous les deux, nous fussions de nouveau à Limmeridge House.
Il m'est apparu au milieu d'une foule d'hommes dont je ne pouvais distinguer les visages. Tous étaient étendus sur les marches d'un temple en ruine. D'immenses arbres tropicaux aux troncs étouffés par les lianes et d'affreuses idoles de pierre grimaçant à travers les branches entouraient le temple et jetaient des ombres lugubres sur les malheureux dont les corps gisaient devant le temple. De blanches vapeurs s'élevaient du sol et retombaient sur eux en semant la mort. Prise de peur et de pitié pour Walter, je faisais un effort surhumain pour parler et le suppliais de s'échapper. "Revenez, revenez ! Souvenez-vous de la promesse que vous lui avez faite et que vous m'avez faite à moi aussi ! Revenez avant que la peste vous tue !" Le visage empreint d'un calme serein, il me regardait. "Je reviendrai, disait-il, mais il faut attendre. La nuit où j'ai rencontré la femme égarée sur la grand-route a scellé mon destin. Je serai l'instrument d'un dessein encore caché. Ici, perdu dans la forêt sauvage, ou là, rentré dans mon pays natal, je continue à suivre la route obscure qui me conduit, et qui vous conduit, vous et votre soeur que nous chérissons tous deux, vers le jugement de Dieu et la fin inévitable. Attendez et regardez. La peste qui fauche les autres m'épargnera."
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