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Citation de coco4649


Harangue du policier de banlieue pendant sa ronde du matin



Extrait 4

Que ne bâille point la vengeance ;
qu’elle soit exigeante.
Que ceux qui lui échappent
demeurent affligés
de rêves terrifiants.
Mais ceux qui parlent fort
et qui sont là pleins d’assurance,
qu’ils marchent en souliers de mousse
et fassent lever des colombes
aux bord des champs de tir,
laissés à l’abandon,
qu’ils taillent donc les haies,
apprennent à savoir
contrôler les filets
pour la pêche. Qu’un homme
soit de nouveau un homme.
Que du blé soit du blé,
si on le destine à
Irkoutsk ou Haïfa.
Car la voix de la mort
est suffisamment triste ;
peu nous chaut le discours
de l’orateur funèbre,
nous trouverons tout seuls
le royaume de l’oubli.
Les diffuseurs de tracts
peuvent dormir leur soûl,
ils épargneront
beaucoup de travail
aux balayeurs.
Qu’on renonce aussi
à la salve
du peloton d’exécution.
Les meneurs peuvent employer
leurs colleurs d’affiches
à cirer les chaussures
et bêcher les parterres.
Que les maîtres eux-mêmes
rentrent à la maison,
mais nous laissent aller
au parc, au cinéma
et dans notre jardin.
Leur sourire au vinaigre
a déjà empoisonné trop
de jours. Il faut aussi
une bonne foi commencer la guérison,
dessécher la ciguë
dans le jardin des ministères,
élever un enfant
qui pour jouer
n’ait pas besoin de règlement.
Regarde les oiseaux ;
ils font leur nid dans les canons
jetés à la ferraille
et chantent au printemps.
Que désirons-nous donc ?
Dire bonjour,
regarder par-dessus
la clôture, échanger
contre une peau de chèvre
quelques pommes ; qui donc
pense alors au couteau ?
Mais ils ont usurpé
les fonctions des anges
et singent le destin.



/ Traduit de l’allemand par Raoul Bécousse
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