Nous nous approchions des deux étangs. Sous le soleil, le Jade vert reflétait la colline dans son miroir en couleur de sapin, tandis que le Jade blanc reprenait petit à petit sa clarté opaque.
Weiguo hocha la tête d'un air grave.
-Voyez,les ennemis dorment parfois à côté de nous,et nous ne nous en rendons pas compte!Cela prouve que nous ne sommes pas assez vigilants.
Il écrivit au tableau l'énoncé du problème à résoudre:"Dans l'objectif de former les jeunes pour la cause révolutionnaire, le lycée Drapeau rouge a fondé une briquetterie.La classe A se charge de transporter 6000 briques du four au lycée:combien de briques devront transporter chacun des trente élèves?".
Elémentaire. J'eus le pressentiment de ce que nous réserverait la suite du cours.Devant la porte de la classe,des instruments étaient préparés:une palanche et deux paniers de bambou pour transporter les briques...
Après la première pluie, la campagne se transforma. Les collines verdirent à une vitesse vertigineuse. Les terrasses vallonnées composaient un grand puzzle dont chaque pièce colorée offrait un contraste vif. Le champ de blé dominait avec son satin vert tendre, le tapis violet de luzerne ondulait au vent, les fleurs dorées de colza faisaient danser les papillons sur un océan lumineux...
Les rives des étangs se noyaient dans une multitude de vagues de fleurs de pêcher et d'abricotier, les saules pleureurs jetaient capricieusement dans l'air leurs fines branches. La glace fondait, les canards et les oies battaient joyeusement des ailes dans l'eau limpide.
Le champ de luzerne venait d'être labouré, les fleurs mauves et les feuilles vertes gisaient pêle-mêle dans la terre jaune. L'odeur de la terre me rappela notre joie de chanter au petit matin, au milieu du blé vert et des fleurs dorées de colza...
Le printemps arriva vite après les vacances. Les champs étaient encore couverts de neige mais, par-ci par-là, la terre noire réapparaissait. Sur les branches d'arbres, les fleurs de neige faisaient discrètement place aux bourgeons.
-- Vos soutiens-gorge ne sont peut-être pas adaptés, reprit-elle; on voit la forme de votre corps sous votre chemise de printemps. Vous savez, chez nous, ici, une jeune fille doit cacher sa poitrine.
C'était la plus belle saison, l'air du printemps se dessinait sur tous les visages. Dans la rue, dans les champs, les habits légers et colorés remplaçaient les sombres tuniques qui engonçaient.
Sur le chemin je me retournai. Le village à peine distinct paraissait écrasé entre les nuages gris à l'horizon et la terre sombre.