Yann Solo

Quelques milliers de personnes ont participé le 5 mai 2017 à Al-Hoceïma (au Nord du Maroc, dans le Rif) à un concert de casseroles, inaugurant là pour ce pays une nouvelle forme de contestation contre la corruption de l'État. Dans son ouvrage "Bienvenue au Maroc", l'auteur nous montre sa douloureuse expérience d'homme d'affaires face tant à la prévarication des fonctionnaires qu'à la malhonnêteté de ses relations commerciales.



«  Palabres interminables, attentes, non-suivis, magouilles, non-implication, détournement des dossiers, contacts aux abonnés absents…  » (page 66).



L'ouvrage démarre par un avant-propos qui commence ainisi :



« Ce petit livre n’a pas d’autre ambition que d’être un témoignage sur le vif de certaines réalités vécues (parfois péniblement), pendant ma période d’établissement au Maroc. Je me doutais que cela ne serait pas facile. J’étais encore très loin de la réalité ! J’y suis toujours…Cela prouve que ce n’est pas mortel. Quoi que… »



Nous avons ensuite une suite détaillée de treize situations vécues où Yann Solo révèle ses qualités de conteur. Le titre est tiré de la formule qui lui est adressé, le premier mois de son séjour, en particulier après qu'il se soit fait extorquer une somme d'argent.



«  Donc vous sortez 200 dirhams de votre portefeuille qui sont discrètement avalés et la route vous est ouverte après une petite formule de politesse qui sonne encore à mes oreilles : "Bonne route et bienvenue au Maroc… ! " » (page 21).



La seconde partie s'intitule "Réflexions sur le fond" et comporte les chapitres suivants : "La scolarité, les écoles, la formation des jeunes", "Le comportement au travail", "La barrière douanière et l’Union Européenne", "La fiscalité", "Le problème de l’eau et les risques alimentaires", "Étude sociétale", "La condition de la femme", "La religion", "Les risques liés au terrorisme intégriste", "Les élections de septembre", "Tout n’est pas noir".



Du contenu de cette partie, on retendra particulièrement ceci :



«  Ce qui en résulte est édifiant : • Pas de pouvoir de décision en dehors du dirigeant • Pas de suivi commercial des contacts • Pas d’anticipation des besoins • Pas de moyens bureautiques • Peu de connaissance des logiciels de base • Pas de parole ou fort peu • Pas de respect des délais de paiement • Beaucoup de corruption • Une volonté de piller, voler, s’approprier vos créations • Une lenteur démente amplifiée par l’administration » (page 88).



En conclusion, l'auteur déclare :



«  Si vous venez faire des affaires uniquement à l’export, vous ne gênerez pas les résidents, et ne serez pas concernés par la plupart des freins que j’ai décrits. Trouver un bon cabinet comptable et conseil en démarches administratives claires ne sera pas chose facile…Selon les produits, c’est la lenteur de production qui vous posera problème, pouvant hors textile et production industrielle, atteindre dans l’artisanat 3 mois. La stabilité de la qualité sera également à surveiller de très près.



Si vous venez en entrepreneur, ou sur le principe d’une délocalisation d’affaires, et que votre production vendue sur le marché domestique devient de ce fait le facteur essentiel de votre survie (économique) j’entends, alors attention, là il sera nécessaire de connaître les "chausse-trappes" du terrain et c’est ce que j’ai humblement essayé de transmettre. Je vous souhaite néanmoins à tous, le meilleur cheminement possible. Et je souhaite également au Maroc qu’il ait rapidement le bon sens, les hommes et les moyens nécessaires à sa marche prudente vers la modernité. C’est le travail de l’élite et de tous ceux qui réussissent dans ce pays que de préparer cet avenir, de montrer l’exemple et d’aider les plus démunis à s’élever. Cela sans brûler les étapes et en prenant soin de disposer des potentiels humains et techniques nécessaires à tous les niveaux. C’est de ce Maroc dont je rêve, et c’est dans ce Maroc, que je vous dirai peut-être un jour et cette fois dans son sens premier : – "Bienvenue au Maroc !" » (pages 197-198)