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Citation de LeBateauIvre


Yannick Kujawa
Elle dit, Il ne se plaint pas. Fait des efforts pour ne pas trop me blesser. Il me prend la main, me sourit en silence. Il fait son boulot de malade. De patient. D’Homme. Il ne rate jamais une consultation. Ni une séance de chimio. Ou de radiothérapie. La rancœur n’a pas disparu. Ces vieilles prises de bec, on continue de s’y fatiguer. Comme une vieille rengaine amère. Compliquée d’une complicité plus ancienne. Plus profonde, plus forte, sans moi il ne sait pas faire, sans lui je suis dépourvue. Il continue de boire, je me demande où il trouve les bouteilles. Il m’arrive de le laisser boire sans lui dire que je le laisse boire. Son regard s’apaise un peu. Retrouve prise. Puis il pique des colères. Tient des discours incompréhensibles. S’arrête net en plein milieu d’une phrase. Des débuts de gestes violents. Mais c’est à moi de m’occuper de lui. À personne d’autre. Il n’y a plus personne d’autre. Il n’y a que moi. Plus que moi et mon homme.

Elle dit, Il sort fumer une cigarette dans le jardin de derrière, en traînant son appareil. Je le regarde par la fenêtre. Le visage amaigri. Les cernes qui bouffent le visage. Il est bouffi. Il tire sur le filtre, grimace. Expire doucement. Il jette ses cendres dans le jardin. Dans ce jardin, il ne fait plus rien. Je vois bien que c’est un peu inquiet qu’il lorgne du côté des voisins. J’hésite à aller me promener un peu à Douai. À aller me coucher quelques minutes dans la chambre. Il y a le tronc coupé du grand sapin. Il y a l’atelier, le bois gondole. J’observe mon mari. J’ai la poitrine qui se soulève. Il a gardé ses cheveux.
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