Nous sommes seuls au monde. Nous nous serrons très fort, comme autrefois nous serrions à bras-le-corps nos songes, persuadés qu'au moindre relâchement ils nous échapperaient. Nos carcasses usées jusqu'à la moelle se soutiennent, se maintiennent debout dans la tornade de nos gémissements. Nous ne sommes plus que deux fibres à vif, deux fils électriques dénudés menaçant de se court-circuiter, deux vieux mioches subitement livrés à eux-mêmes et qui sanglotent sans retenue devant des inconnus.