Manipulé par Chagall, le cubisme n'est ni un jeu de construction gratuit, ni une nouvelle genèse de la nature des choses, ni un calcul de probabilité. C'est une piste d'envol et un tremplin. Le peintre perfore les murs et renverse les maisons. Il incline ou retourne les objets. Son monde à l'envers entre en transes. La laitière tombe du ciel. Sa tête la suit de loin. La vache se tient debout sur un toit à pentes raides : À la Russie, aux ânes et aux autres (1912). L'œuvre d'art, selon Chagall, n'est pas une projection de la vie extérieure. La réalité fait place à la fiction qui en exprime l'essence.