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Citation de Charybde2


Le soir, assis à l’ombre d’un wagonnet, il fixait des heures entières les lentes mouvances de la jungle à ses pieds tout en fatiguant une foule de pensées désenchantées que tout jeune homme ne cesse de nourrir à la suite d’un premier grand amour brisé. Quand la lumière du jour fléchissait, il descendait à la lisière, sa carabine glissée sous le bras, guettant le vol d’un oiseau-trompette ou le grognement d’un jeune pécari fouineur. La nuit, il dormait dans une des cellules du quartier des bagnards.
Au sud, au-delà de la jungle, pouvaient bien frémir sans lui les villes invisibles. Il avait quitté La Nouvelle-Ozmüde dix jours plus tôt pour se réfugier dans cette mine, la veille exactement des vacances universitaires. Une fugue. Une désertion. Et quand il cherchait à comprendre pourquoi il avait été si bouleversé par la trahison d’une fille et pourquoi il ne pouvait cesser de ruminer toujours des pensées désabusées, alors il démontait sa carabine, pièce par pièce, s’efforçant de la remonter méticuleusement.
Il tuait le temps. Et toujours le passé revenait avec de subtils détours, des réflexions pièges, des approches secrètes, des liaisons impromptues, le faisant désespérer de l’avenir.
Un jour, las de ne rien faire, las de s’abandonner à son humeur morbide, et de plus en plus téméraire parce que de plus en plus accablé par son malheur, il entreprit de visiter plus longuement les baraques du casernement des gardes et de l’intendance.
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