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Citation de Osmanthe


Quand il pousse la porte de chez lui, QiBao lâche un cri en saisissant la télécommande. Elle rougit. À l’écran s’est figée l’étreinte d’un couple nu. Au lieu d’arreter le DVD, elle a pressé la touche pause. Désemparée, elle jette la télécommande par terre. DunHuang se met en devoir de la tranquilliser :
« Regarder du porno, et alors ? Ça n’a jamais tué personne ! C’est moi qui ai lancé ce film tout à l’heure. D’ailleurs, on n’a qu’à le voir ensemble.
- Non ! Je ne regarderai pas ça avec toi ! dit-elle, ayant retrouvé son aplomb.
- Sans regret ? Vraiment ? Avec l’âge, on n’a même plus envie de voir ces choses-là. »
Ce disant, il s’installe bravement à côté d’elle et relance la lecture. Il remet le son qu’elle avait coupé tout à l’heure, on n’en est plus à un détail près. QiBao ne bouge pas d’un millimètre. Ils se taisent, raides et rivés à l’écran où les amants ont repris leurs ébats : des mouvements aisés, des voix ondulantes qui emplissent la chambre d’un trouble suave. Sur le rebord du lit, ils sont comme deux statues de marbre, conscientes peu à peu de leur respiration. DunHuang bouge un tout petit peu, elle aussi, leurs genoux se touchent. Les cœurs restent en suspens, les genoux collés. Ils se tournent peu à peu, les visages s’interrogent et les regards s’embrasent. QiBao se jette sur lui.
« DunHuang, DunHuang.
- QiBao, QiBao. »
La suite est brouillonne, comme à l’écran. DunHuang ne s’attendait pas à ce déshabillage expéditif, encore moins aux manières débridées de sa partenaire. Une furie sauvage. N’aurait-il rien appris auprès de Xia ? Il se sent taiseux, trop calme, à la traîne et franchement dépassé. QiBao est un sport de combat, une cascade qui déferle sur lui et tourbillonne. Il en oublie ce qu’il est censé faire. Plus tard, le torrent rejoint la plaine et s’y évase. DunHuang remonte la pente et jouit de la douce fertilité des basses terres. Quelques secondes d’eblouissement font flotter son corps sur un vaste lit d’eau.
À l’ecran aussi, l’empoignade est terminée. Lui succède un fond bleu uni et muet comme la mort.
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