Passons sur l’expertise musicologique des chercheurs en psychologie australiens. L’important est que les musique extrêmes (ou pas, d’ailleurs) posent depuis des années des questions de fond aux scientifiques sur leur rapport avec nos émotions, dont la colère, que l’on pourrait résumer par un classique : « Corrélation ou causalité ? » Selon certains auteurs, les caractéristiques des musiques extrêmes susciteraient par nature de la colère chez leurs auditeurs, et favoriserait ainsi l’expression de cette colère à travers des comportements agressifs, délinquants, toxicomanes ou suicidaires (là encore, silence caprin1). Pour d’autres, elles seraient a contrario choisies par des auditeurs déjà en colère, précisément en raison de leur nature excitante : elles permettraient en effet à l’auditeur de gérer des états émotionnels déjà présents.
L’étude de Sharman et Dingle visait à départager les deux hypothèses. Les deux chercheuses ont soumis 39 personnes à un petit test destiné à établir l’effet de l’écoute de musique extrême sur leur gestion de la colère. Pour mesurer cette dernière, elles ont combiné des mesures subjectives de l’hostilité et de l’agressivité et un enregistrement en continu du rythme cardiaque (censé accélérer lorsque la colère monte).
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Selon Sharman et Dingle, les résultats sont sans équivoque et, écrivent-elles, « en contradiction avec les affirmations selon lesquelles la musique extrême provoque la colère et favorise un comportement agressif. » Ils indiquent que l’écoute de la musique extrême n’a pas accru la colère des participants, mais, au contraire, leur a permis d’accroître leurs émotions positives (contrairement à ce qui a été observé dans le groupe contrôle). Conclusion : « écouter de la musique extrême peut constituer une façon saine de gérer sa colère pour ces auditeurs. » En d’autres termes, Cannibal Corpse va bientôt être remboursé par la sécurité Sociale, c’est la science qui vous le dit.
LIRE LA NUIT
La nuit godille, rame au-delà du mur
dans l'air flotte le bleu des rêves
le bureau, coquillage, doucement se referme
le dauphin parle une langue inconnue de moi
il s'élève au-dessus de l'eau, colonne élancée
pulvérise l'alphabet mouvant des étoiles
cette lumière enivrante, mystique
s'infiltre dans les crânes, d'étranges minéraux noirs
disent le poème des éléments
la nuit, la tôle heurtée par les poissons volants
vibre dans l'univers. Je ne l'entends pas
je me dresse au fond de l'eau, comme une âme heureuse.
Poème de Song Lin, traduit du chinois par Chantal Chen-Andro, p.210