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Citation de Cleophyre_Tristan


Impéria la releva.
- Oui, oui, dit-elle, je te pardonne tout, tu entends ? Tout... Viens, viens, ma fille, partons ! Quitte cette maison maudite ! Nous irons loin, bien loin et nous oublierons...
- Ah ! Vraiment, vous oublierez ? dit tout à coup une voix terrible; mais moi je n'oublierai pas, je ne veux pas oublier !
Impéria poussa un cri d'épouvante.
Elle tourna la tête et vit Patrick Parnell, qui venait d'entrer dans le boudoir le visage pâle, le regard sombre.
Elle vit aussi derrière Patrick sir Richard, non moins pâle et non moins sombre.
Grâce au désarroi qui régnait dans l'hôtel, les deux hommes avaient pu arriver jusqu'au boudoir sans que le bruit de leurs pas, amorti par les tapis, ait été entendu des deux femmes.
Impéria se sentit saisie de frayeur.
Elle se redressa brusquement et recula jusqu'à la muraille, en entraînant sa fille.
Régine tremblait de tous ses membres.
- N'aie pas peur, lui dit Impéria, n'aie pas peur, je suis là.
Elle cherchait à rassurer Régine; mais elle-même était épouvantée, tant le regard de Patrick était sinistre.
Régine sentait qu'elle était devant un juge, un juge implacable.
Il y eut un moment de silence.
Instinctivement, Impéria se rapprochait de la porte.
Patrick devina l'intention de la mère; il passa rapidement de l'autre côté du canapé et se plaça devant la porte qu'Impéria cherchait à atteindre.
Alors la mère fit appel à toute son énergie.
L'amour maternel dont elle éprouvait depuis quelque temps l'heureuse influence lui rendit tout son courage et la fit forte et résolue.
- Enfin, que voulez-vous ? demanda-t-elle à Patrick.
- Je veux ma fille, ma fille qui m'a déshonoré !
- Elle se repent et j'ai pardonné.
- Vous avez pardonné, vous ? Et de quel droit ?
- Je suis sa mère !
- Vous êtes sa mère ! Depuis quand ?
- Oh ! Je sais ce que vous allez me dire... Je mérite tous vos reproches, monsieur, et vous ne m'en ferez jamais d'aussi durs que ceux que je me suis adressés moi-même, que ceux que j'ai déjà essuyés...
Patrick haussa les épaules.
- Oui, continua Impéria, oui, j'ai été coupable, oui, j'ai été une mauvaise mère, comme j'ai été une mauvaise femme; mais je ne suis plus ce que j'ai été... Enfin, monsieur, je vous le répète, j'ai pardonné à ma fille.
- Au fait, oui, vous avez raison, cette misérable est bien votre fille, répliqua Patrick, car elle a tous vos vices; comme vous elle est vile, infâme... Votre sang ne pouvait mentir.
- Vous oubliez l'autre...
- Je n'oublie rien; oui, l'autre est un ange. Du même tronc sont sorties deux branches, l'une chargée de fleurs embaumées, l'autre de fleurs empoisonnées. Eh bien, il faut qu'une seule de ces branches vive, la première. Réginette doit grandir, Régine doit disparaître.
- Nous irons nous cacher dans une retraite ignorée.
- Vous en sortiriez un jour pour notre malheur et notre honte à tous. Je veux que le venin soit détruit.
- Ah ! Je sais ce que vous voulez, la tuer, n'est-ce pas ?
- C'est ma fille !
- C'est la mienne !
- Vous n'avez aucun droit sur elle.
- Je suis sa mère, je suis sa mère !
- Prouvez-le donc !
- Je le crierai si haut qu'on me croira.
- Vous avez la loi contre vous, je l'ai pour moi... Allons, laissez-moi emmener cette fille.
- Pour la tuer, bourreau !
- Je suis un justicier.
Sir Richard restait impassible; mais, peu à peu, il s'était rapproché de Régine.
- Vous, justicier ! s'écria Impéria, vous n'êtes qu'un bourreau ! Vous voulez tuer ma fille !
- C'est mon droit !
- Je la défendrai !
- Seul, je suis juge de mon honneur. Allons, éloignez-vous..
- Non! Non !
- Je suis le père !
Et Patrick fit deux pas en avant pour saisir la jeune fille.
Alors, le regard plein de flammes, Impéria se plaça devant Parnell.
- Voyons, monsieur, lui dit-elle d'une voix suppliante, faites comme moi, pardonnez !
- Jamais !
- C'est votre dernier mot ?
- Je suis le père !
- Ah ! Ah ! fit Impéria avec un accent singulier, c'est votre titre de père que vous invoquez ?
- Oui.
- Eh bien, tant pis pour vous, c'est vous qui l'aurez voulu... Ce titre de père, monsieur, vous ne l'avez pas.
- Que voulez-vous dire ?
- Je veux dire que vous n'êtes pas le père de mes filles.
- Hein ! fit Patrick en sursautant.
- Non, non, non, vous n'êtes pas leur père... Je vous ai trompé; j'étais enceinte d'un autre. Est-ce que vous ne vous rappelez pas que les enfants sont venues à sept mois ?
- C'est vrai, murmura Patrick devenu livide..
- Etes-vous convaincu, maintenant ?
- Non. Vous me dites cela pour sauver cette misérable.
- Eh bien, monsieur, sur la tête de Réginette, je vous jure que je dis la vérité.
- Alors, qui donc est le père ?
- Moi ! répondit sir Richard d'une voix vibrante.
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