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Citation de Charybde2


Je n’ai pas décidé tout de suite d’écrire ce journal. Cet exercice ne m’est pas familier, pas plus que l’écriture en soi, les ingénieurs en général préférant disserter sur les courbes de Gauss que sur leur vie personnelle.
En outre, au début de mon séjour à Abidjan, tout m’apparaissait trop nouveau, trop différent. Je craignais tant de commettre un impair avec mes collègues de travail ivoiriens que je rentrais à mon hôtel trop tendu par ce que j’avais dit ou frustré de ce que n’avais osé dire, pour envisager de rédiger quoi que ce fût.
Assez vite pourtant, du moins de mon point de vue, je m’étais acclimaté à la chaleur moite du pays, à l’ambiance, aux us et coutumes. Surtout, j’avais été confronté à un projet professionnel plus ardu, pour moi, et plus crucial, pour Ivoire Télécommunications, que ce que ma lettre de mission laissait présager : cette masse de travail m’ayant rassuré, je m’étais alors un peu décontracté… jusqu’à la révolte du dix-neuf septembre.
Plusieurs jours après, on s’était rendu compte qu’il s’était bel et bien agi d’une tentative de coup d’État plutôt que d’une rébellion de soldats n’ayant pas touché leur pécule, ainsi que la presse l’avait d’abord annoncé. Le pays fut coupé en deux, la rébellion occupant la zone Nord et le gouvernement légal, la zone Sud. Un couvre-feu fut instauré à Abidjan, la capitale économique située en zone gouvernementale. Ce couvre-feu, à horaires variables, commençait le plus souvent à vingt heures, parfois même à dix-huit heures.
Que faire dans un hôtel déserté, seul (ou presque, on le verra plus loin), soir après soir ? Regarder la télé, visionner un DVD sur l’ordinateur portable, se baigner dans la piscine ? On risque surtout de s’ennuyer.
Je n’aime pas m’ennuyer pas plus que je n’en ai l’habitude. Dès lors m’est venue l’idée de noter, au fur et à mesure de mes séjours en terre ivoirienne, un certain nombre d’observations. Je n’ai pas souhaité écrire sur la crise et son évolution politico-militaire au jour le jour, me jugeant trop « Blanc » dans mon analyse, trop démuni de repères pour l’apprécier.
J’ai eu plutôt envie de coucher sur le papier ce qui m’a tant ébahi, puis allait bouleverser ma vie, à savoir les relations sexuelles et amoureuses dont je fus d’abord le témoin, avant d’être happé, à mon tour, dans l’entrelacs qui mêla les unes et les autres.
Les unes étant le plus souvent de jeunes Ivoiriennes et les autres, dans leur grande majorité, des hommes blancs « bien mûrs ». Les seconds profitant de leur aisance financière, quand les premières nommées s’efforçaient de survivre en tirant parti de leur beauté.
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