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Citation de Presence


Ces pauvres chiens de misère, ces malheureux cabots que leurs salopards de maîtres ont cru bon d’attacher pour toujours et qui ne frémissent ni ne jappent plus de rien… Le Christ himself pourrait passer à deux pouces de leur gamelle qu’ils n’en auraient rien à secours. Eh bien, vois-tu, ces misérables bêtes sont Beat. C’est l’un des autres sens de ce sacré mot. Beat, c’est aussi ça que ça veut dire : battu, défait, léthargique et sans réaction, à force de mauvais traitements, de manque de soins, d’indifférence. Neal était Beat. Jack était Beat. Ils ont capté la pulsation et à force de danser, ils se sont fatigués parce qu’ils n’ont pas trouvé le deuxième souffle. L’autre moteur, le cœur absolu. L’autre pulsation, celle qui n’est pas donnée, celle que tu ne captes pas par la simple grâce de ta jeunesse, celle qu’il faut payer de la sève même de ton âme. Si tu ne la trouves pas, de deux choses l’une… Sois tu vis comme la plupart des petits hommes, ce que Thoreau appelait une existence de désespoir tranquille, pas de Beat, mais pas d’horreur non plus, pas d’abîme, pas de vertige, juste des petites routes cernées d’abysses. Soit, comme Jack et Neal, t cultives ce foutu Beat, tu le bichonnes, tu te branches sur lui et tu le laisses gronder en toi. Mais alors gare ! Parce que personne ne peut soutenir le Beat. Le tenir, c’est pas humain. Quand la vitalité de la jeunesse te quitte, alors tu sais que le Bet te quitte et que tu ne peux pas vivre sans lui. Tu ne peux pas revenir au désespoir pénard, tu n’as même pas le choix parce que tu es foutrement trop ouvert, transpercé de flèches comme saint fucking Sébastien. […] Le deuxième souffle n’est pas un truc que tu achètes avec du pognon ou du pouvoir. C’est le troisième sens du mot Beat. Et ce souffle-là, mon petit, ne peut être que celui de l’esprit. Il y a du Beat dans la béatification, la béatitude, Il beato angelico, comme Allen dit toujours. Mais la dimension béatifique du Beat demande du travail. Du travail, nom de Dieu, du turbin, de la sueur ! On pourrait supposer que la grâce est l’ingrédient, mais non. Il faut la mériter, la grâce, il faut préparer le réceptacle, les circuits, tu piges ?
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