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Citation de petitsoleil


Pour nous, un homme et une femme n'étaient pas unis à la manière dont vous concevez aujourd'hui la vie en couple : tous deux en jean, faisant les mêmes études (ou presque), menant chacun son projet de vie, explorant ensemble une sexualité libérée. Non, pour nous, un homme, une femme, c'étaient deux êtres à la fois différents et complémentaires, lui au travail, elle à la maison, destinés à traverser la vie ensemble jusqu'à la mort.

Il faut comprendre qu'à l'époque de nos innombrables mariages, entre 1945 et 1955, la plupart des conjoints étaient complémentaires par la force des choses.

Dans ce pays ruiné, on ne trouvait aucun des équipements ménagers que nous connaissons aujourd'hui. Dans un logement sur deux, il n'y avait même pas l'eau courante. Le ravitaillement était toujours très difficile, il fallait faire la queue partout et y passer des heures ; la cuisine prenait du temps, les aliments vendus n'étaient ni préparés ni conditionnés, le gaz était rare, il y avait des coupures d'électricité (...) L'entretien d'une maison ou d'un appartement sans aspirateur était une corvée, et le lavage plus encore sans machines ni lessives miracles : linge de maison et linge de corps devaient être savonnés à la main, puis mis à bouillir des heures dans de lourdes lessiveuses de fer étamé, avant d'être longuement rincés, étendus, repassés - car les fibres artificielles n'existaient pas encore et le nylon venant des Etats-Unis était un luxe.

D'autre part, le travail accompli par les hommes dans ces années de reconstruction du pays était, pour de très nombreux salariés, physiquement éprouvant. (...) Ils reconstruisirent les routes, les voies ferrées, les ponts et des maisons par centaines de milliers.
La France manquait de tout, de ciment, de pierres, de métaux, d'énergie et, partout, on rouvrait des carrières et de vieilles mines abandonnées, surtout de charbon - travaux physiques, travaux pénibles, travaux d'hommes. (...)

Dans une telle conjoncture, la conciliation de la tenue d'une maison avec un travail professionnel était impossible aussi bien pour une femme seule que pour un homme seul. Les rares célibataires vivaient chez leurs parents ou en collectivité. (...) Nous, jeunes femmes, acceptions cette division des rôles non seulement parce qu'elle nous semblait réaliste et adaptée aux temps exceptionnels que nous vivions, mais également parce que, en période de pénurie, le prestige de celle qui parvenait à servir la soupe dans une maison propre était immense. Du haut en bas de l'échelle sociale, la maîtresse de maison, la "ménagère" était respectée. Pour seulement permettre aux siens de survivre, elle devait déployer beaucoup d'endurance et d'astuces
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