A chaque pas, les pieds se font plus lourds,
Mais mieux vaut ne pas se reposer.
Peut-être la Mort est-elle aussi, près de la route,
En train de se reposer, elle aussi...
Manifestement, Staline ne pouvait désirer informations plus précises, plus détaillées, plus claires et plus concordantes. Il est probable que, jamais dans l'Histoire, un chef d'Etat ne fut mieux au courant de l'imminence de l'attaque ennemie et des conditions dans lesquelles celle-ci allait se dérouler.
Manifestement, Staline s'accrochait toujours à l'espoir que Hitler respecterait sa signature au bas du pacte germano-soviétique. Aussi longtemps que le dictateur russe nourrissait cette illusion, il était malsain pour les militaires d'exprimer franchement leur opinion au sujet du IIIe Reich. Aprs les entretiens Hitler-Molotov, il arrivait à Staline de remarquer que l'Allemagne se montrait moins empressée à remplir les obligations découlant du pacte. Mais il semblait n'y attacher qu'une importance très relative.
Le 18 décembre 1940,Hitler approuva l'Opération "Barbarossa",nom de code du plan d'attaque de la Russie. Une semaine plus tard, le jour de Noël, l'attaché militaire soviétique à Berlin trouva dans son courrier une lettre anonyme déclarant que l'Allemagne s'pprêtait à attaquer la Russie au printemps 1941. Dès le 29 décembre, les services de renseignements russes furent en possession des grandes lignes de l'Opération "Barbarossa", notamment l'envergure et la date probable du déclenchement.
Les craintes qu'inspirait à Staline l'hostilité croissante du IIIe Reich furent peut-être à l'origine de sa décision d'accélérer les livraisons soviétiques à l'Allemagne. En avril, ces livraisons atteignirent un niveau record - 208 000 tonnes de blé, 90 000 tonnes de pétrole, 8 300 tonnes de coton, 6 340 tonnes de cuivre, étain, nickel et autres métaux non ferreux, 4 000 tonnes de caoutchouc.