A Louis XII succéda François, seigneur d'Angoulême, de tous les mâles de sang royal son plus proche parent de la lignée des ducs d'Orléans. On plaçait, universellement, tant d'espoir dans ses vertus, sa magnanimité, son intelligence et sa générosité que, chacun l'admettait, personne depuis de très nombreuses années n'était parvenu à la couronne en suscitant de plus grandes attentes.
" J'ai décidé, quant à moi, d'écrire les choses advenues de notre temps en Italie, après que les armes des Français, appelés par nos princes eux-mêmes, eurent commencé, non sans très grande agitation, à la troubler ; matière fort digne de mémoire et pleine d'atroces événements, à cause de la variété et de l'importance de ces choses, puisque l'Italie a souffert pendant tant d'années toutes ces calamités par lesquelles les misérables mortels sont souvent frappés, tantôt par la juste colère de Dieu, tantôt par l'impiété et la scélératesse des autres hommes . "
L'Histoire d'Italie est avant tout l'histoire du "pourquoi" des choses; même si l'aspect événementiel est, nous l'avons souligné, loin d'être négligé et si la recherche de la "vérité des choses" est l'objet d'une attention scrupuleuse, c'est la question du pourquoi qui est au centre de la démarche de Guicciardini. (Introduction de J.L. Fournel et J-C. Zancarini)
Quant à ceux qui, attribuant toute chose à la prudence et à la virtù, excluent autant qu'ils peuvent le pouvoir de la fortune, il leur faut du moins confesser qu'il est fort important de tomber ou de naître en un temps où les vertus ou qualité dans lesquelles on s'estime exceller soient appréciées.
Est pernicieuse et détestable l'ambition qui a pour unique fin la grandeur, comme c'est communément le cas chez les princes, lesquels, quand ils la prennent pour idole, font table rase, pour obtenir ce qui les mène à elle, de la conscience, de l'honneur, de l'humanité et de tout le reste.
La pierre de touche du courage des hommes, c'est quand leur tombe dessus un danger soudain ; ceux qui y résistent - et il y en a fort peu - méritent vraiment d'être appelés courageux et impavides.
... de fait, Pierre de Médicis n'eut pas plus de courage ni plus de constance dans l'adversité qu'il n'avait eu de modération ou de prudence dans la prospérité.
On ne peut exercer le pouvoir selon la conscience, car si l'on considère son origine, il est toujours violent.