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3.83/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Belfort , le 22/03/1879
Mort(e) à : Maisons-Alfort , le 12/06/1913
Biographie :

Léon Deubel est un poète français.
Pauvre, isolé et excentrique, inadapté à la vie sociale, il se suicida en se jetant dans la Marne après avoir brûlé tous ses manuscrits.
Il contribua pourtant au prolongement de l'esprit symboliste, cherchant surtout à perpétuer les principes esthétiques de Mallarmé. Il est considéré comme le dernier des poètes maudits.
On lui doit: Régner, poèmes (1913)
Œuvres de Léon Deubel. Vers de jeunesse. La Lumière natale. Poésies. Poèmes divers. L'Arbre et la Rose. Ailleurs. Poèmes divers. Appendice, préface de Georges Duhamel (1929)
Lettres de Léon Deubel (1897-1912) (1930)
Chant pour l'amante (1937)


Source : Anthologie de la poésie symboliste et décadenteWikipedia
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Le poète Léon Deubel


Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Léon Deubel
L'INVITATION A LA PROMENADE

Mets tes bijoux roses et noirs
Comme les heures du souvenir;
Mets ce qui s'accorde, ce soir,
A ce qui ne peut revenir:

Ta robe de crêpe léger
Plus incertaine qu'une charmille
Qui fait trembler dans les vergers
L'herbe frileuse à tes chevilles;

Ton chapeau garni d'asphodèles,
Tes gants parfumés de jasmin
Qui gardent, en leurs plis fidèles,
La vie inquiète de tes mains.

Et viens par l'odorant mystère
Qui sut envelopper sans bruit
Le beau jour, tombé comme un fruit
Où des guêpes se désaltèrent.

Le soir à la saveur du miel,
L'ombre tiède qui nous attend,
Pour fiancer la terre au ciel
Polit la bague des étangs.

Dans le bruit d'ailes du silence
L'azur noir semble méditer
Les étoiles, dont la cadence
Meut les âmes vers la Beauté!

La grande nuit, timide encor,
Etire au ciel nu sa stature;
L'âme romantique du cor
Fait rêver tout bas la nature.

Mets tes bijoux roses et noirs
Comme les heures du souvenir;
Mets ce qui s'accorde ce soir
A ce qui ne peut revenir.
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Léon Deubel
DÉTRESSE



Seigneur ! Je suis sans pain, sans rêve et sans demeure.
Les hommes m’ont chassé parce que je suis nu,
Et ces frères en vous ne m’ont pas reconnu
Parce que je suis pâle et parce que je pleure.

Je les aime pourtant comme c’était écrit
Et j’ai connu par eux que la vie est amère,
Puisqu’il n’est pas de femme qui veuille être ma mère
Et qu’il n’est pas de cœur qui entende mes cris.

Je sens, autour de moi, que les bruits sont calmés,
Que les hommes sont las de leur fête éternelle.
Il est bien vrai qu’ils sont sourds à ceux qui appellent.
Seigneur ! Pardonnez-moi s’ils ne m’ont pas aimé !

Seigneur ! J’étais sans rêve et voici que la lune
Ascende le ciel clair comme une route haute.
Je sens que son baiser m’est une pentecôte,
Et j’ai mené ma peine aux confins de sa dune.

Mais j’ai bien faim de pain, Seigneur ! Et de baisers !
Un grand besoin d’amour me tourmente et m’obsède,
Et sur mon banc de pierre rude se succèdent
Les fantômes de Celles qui l’auraient apaisé.

Le vol de l’heure émigre en des infinis sombres,
Le ciel plane, un pas se lève dans le silence,
L’aube indique les fûts dans la forêt de l’ombre,
Et c’est la Vie, énorme encor qui recommence !
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TOMBEAU DU POÈTE


Par les sentiers abrupts où les fauves s’engagent,
Sur un pic ébloui qui monte en geyser d’or,
Compagnon fabuleux de l’aigle et du condor,
Le Poète nourrit sa tristesse sauvage.

À ses pieds, confondus dans un double servage,
Multipliant sans cesse un formidable effort,
Les Hommes, par instants, diffamaient son essor ;
Mais lui voyait au loin s’allumer des rivages.

Et nativement sourd à l’injure démente,
Assuré de savoir à quelle ivre Bacchante
Sera livrée un jour sa dépouille meurtrie ;

Laissant la foule aux liens d’un opaque sommeil,
Pour découvrir enfin l’azur de sa patrie
Il reprit le chemin blasphémé du soleil !
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Comme un enfant craintif j'erre à travers les rues.
L'ombre, ainsi qu'un automne, a flétri les visages,
Et des paupières d'or d'un azur sans nuages
Filtre le long regard des choses disparues.

En vain, je fuis la joie énervante qui rôde
Et propage en la nuit sa grossière hystérie.
C'est fête. La douleur des cuivres psalmodie...
Et l'Ivresse, en haillons, prophétique, clabaude.

Sur la place, où dormaient des silences de lune,
La crécelle d'un orgue a repris, une à une,
Les valses à la mode en robes de paillons.

Un clown, sur des tréteaux, parodie son martyre.
Et la foule, aux éclats de voix de l'histrion,
Acclame par instants la souffrance de rire.
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Seigneur ! je suis sans pain, sans rêve et sans demeure.
Les hommes m’ont chassé parce que je suis nu,
Et ces frères en vous ne m’ont pas reconnu
Parce que je suis pâle et parce que je pleure.

Je les aime pourtant comme c’était écrit
Et j’ai connu par eux que la vie est amère,
Puisqu’il n’est pas de femme qui veuille être ma mère
Et qu’il n’est pas de cœur qui entende mes cris.
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Des âges nous ont vus, dans les fossés qu'ils boudent,
Laisser pourrir les fruits du Rêve défendu,
Au temps où s'enroulaient autour du tronc des mondes
L'insidieux serpent des Paradis perdus.

Quand, las, nous chevauchions dans l'océan des herbes
Sur de fiers alezans, vers d'anciens soleils,
Et quand des hauts clochers que les cités engerbent
Les aubes saluaient nos triomphants réveils.

Alors planait sur nous l'aile de l'aventure,
Nous savions la ferveur, frissonnante de palmes,
Et l'été décernait à nos ivresses calmes
Les parfums dénoués comme des chevelures.

Nous étions beaux et grands de toute la lumière,
Le fleuve universel en nous roulait ses ondes,
C'étaient les temps bénis de la clarté première
Où des édens doraient la jeunesse du monde.
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Ô Nature, prends-moi pour ne me rendre plus
Aux leurres de la ville où le jour ne meurt pas,
Doucement, dans la plaine et les eaux, dans les pas
Qui vont portant au loin l'angoisse des Elus.

Prends-moi, et qu'en mon cœur toi seule oses tout bas
Ranimer mon amour, ma joie et ma vertu,
Et, sur le mode cher d'un caprice têtu,
L'hymne d'aube qu'on doit aux choses d'ici-bas.

J'ai revu tes forêts, tes prés et tes ruisseaux.
Un instant de mon âme habite tes roseaux
Depuis le jour où j'y taillai ma flûte frêle.

Prends-moi, pour que, certain de ta beauté sereine,
J'aille surprendre Pan dans l'ombre de tes chênes,
L'âme perdue au fil de tes heures muettes.
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Nous ne reverrons plus blanchir l'aube des villes.
Déjà nous descendons dans la forêt déserte
Les sentiers long voilés d'une pénombre verte,
Et la douceur de l'air caresse notre idylle.

Le Printemps a lustré le firmament pascal.
Nous n'écouterons plus les cloches du dimanche.
Ta voix tremble. On dirait dans le soir de cristal
Un éveil argentin de source sous les branches.

Peureusement, dans l'ombre où notre pas s'égare,
Nous avons vu s'ouvrir l'œil opaque des mares
Sous les cils frémissants du bois insidieux.

Et nos cœurs éperdus de silence s'enfièvrent
De sentir, un instant, se mêler sur nos lèvres
Le miel de la prière et le sel des adieux.
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Depuis rien n'est resté du décevant mirage
Qui nous laisse à l'orgueil de la mélancolie ;
Nous regardons passer la lune au blanc visage
Sur l'automne flétri du jardin de la Vie.

Silencieux, assis au seuil de notre porte,
Nous écoutons sonner les chasses dans la plaine
Où, plus abondant que les ondes des fontaines,
Le sang de Marsyas rougit les feuilles mortes.

Et nous avons le soir cette angoisse d'entendre
Tomber de l'urne vaste et profonde des cieux,
Comme si le jour mort eût épanché ses cendres,
L'ombre éternellement en gésine de dieux !
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Par les sentiers abrupts où les fauves s’engagent,
Sur un pic ébloui qui monte en geyser d’or,
Compagnon fabuleux de l’aigle et du condor,
Le Poète nourrit sa tristesse sauvage.

À ses pieds, confondus dans un double servage,
Multipliant sans cesse un formidable effort,
Les Hommes, par instants, diffamaient son essor ;
Mais lui voyait au loin s’allumer des rivages
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