Marcia Martin

En un sens, tu es comme ton oncle. Tu veux gravir la montagne que personne d'autre n'a su conquérir. Les obstacles ne vous effraient pas, au contraire, ils vous stimulent. Veille à ce que ta quête de l'impossible ne finisse pas par te briser.

Nicki était passionnément amoureuse d'un homme qui, dès le début, avait refusé toute idée de liaison. Il était intraitable. Nicki avait beau savoir qu'il risquerait sa vie pour elle, elle lui en voulait de continuer à résister à ses charmes.

Les sensations éprouvées n'avaient rien à voir avec celles qu'elle avait décrites dans La Jeune Mariée, où Alouette se voyait transportée dans un tourbillon d'extase. Tout cela n'était que fantasme.
Cependant, Catherine se rassura : ça ne s'était pas trop mal passé.
Elle se sentait différente. Les caresses de son amant, son parfum, s'accrochaient à sa peau. Oui, vraiment, elle était... comblée.
Il était loin le temps de la rue Legare, la petite colombe de Winslow House s'était envolée.

Peni fronça les sourcils. Elle en voulait à Nicki d'être aussi belle et élégante. Elle lui enviait sa place de riche princesse haole. Née dans l'opulence, Nicki avait tous les dons : de 1 equitation à l'alpinisme en passant par le deltaplane, elle réussissait tout ce qu'elle entreprenait avec une facilité déconcertante.
Si elle détestait tant Nicki, c'était surtout parce qu'elle avait su attiser la convoitise de Kimo.

Depuis sa plus tendre enfance, Catherine savait que sa place n'était pas ici.
Encore sous le choc, elle sortit de la pochette de sa vieille valise en cuir un livre de poche. La Jeune Mariée,
de Cat Winslow. Ironie du sort. Petite, elle s'était réfugiée dans le monde de la lecture. Devenue femme, c'était grâce à l'écriture qu'elle prenait enfin son envol.

Elle avait lu un jour que les rêves répétaient dans le subconscient des pensées et des émotions réelles. Elle éprouvait encore la terreur ressentie au moment où Jack avait annoncé la visite du clown. Laissant libre cours à ses larmes, Catherine s'efforça d'imaginer Nicki et Jack.

Vous êtes belle, et vous le savez, Nicki. Pour tout vous dire, je suis un solitaire. Bien sûr, nous pourrions avoir une petite aventure, mais ce ne serait que cela.
Pour l'heure, j'ai l'impression que vous avez besoin d'un ami bien plus que d'un amant.

Si Nicki lui ressemblait physiquement, pour le reste, elle était tout son contraire.
Extravertie, rebelle, charmeuse irrésistible, passionnée.
Quand elle voulait quelque chose, elle n'hésitait pas à embobiner son entourage pour parvenir à ses fins.

Elle aurait tant voulu qu'on la trouvât jolie. Elle n'était pas franchement laide, mais si peu féminine. Peut-être était-ce parce qu'elle avait grandi entourée d'hommes.
Elle n'avait jamais appris tous ces «trucs de filles».

Les mots ne signifient rien. C'est dans le silence que le cœur succombe.