Bien qu'il fut très peu question de religion dans mon journal, je m'étais affranchie de toute croyance religieuse. Cependant, ce changement ne s'accomplit en moi que peu à peu et non tout d'un coup. Je ne croyais plus en Dieu ni à une vie meilleure dans l'au-delà, et pourtant les doutes m'assaillaient continuellement, et je me demandais si après tout il y avait quelque chose de vrai là-dedans. Le soir même du jour où je m'étais efforcée de démontrer à mes compagnes que la création du monde en six jours n'était qu'un conte, et qu'un Dieu tout-puissant ne saurait exister, sinon les hommes n'auraient pas à subir des sorts aussi cruels, je joignais encore les mains, une fois au lit, et levais les yeux vers l'image de la Vierge : "et si c'était vrai ?" me répétais-je toujours involontairement.