Eté écossais
Eté écossais,
sous le chêne
assises sèches comme des nattes,
les femmes de Cawdor,
certaines cachées dans la lumière des nuages,
orties fanées dans le sable.
Au-dessus des rochers, à pic,
des coups de trompette, un claquement
remue le ressac.
Brouillard, qui les engendra,
c’est bientôt l’hiver,
bois mince, jamais au repos,
la neige tourbillonne ici et là
et empoussière la solitude.
Décharnées et sombres
avant la suture du soir
elles se tiennent accroupies sur les peaux déchirées.
Lorsque la lune
déplace les aiguilles sur la tour,
elles regardent fixement avec des yeux éteints.
Inhabitable, la tristesse
qui descend sur les brisants.
Île du Sud
Pour Walter Jens
extrait 1
Ile de rochers,
Ile de tortues,
La pierre fendillée respire telle un volcan,
Là où sous les sources
La terre attise son feu sombre.
Des agaves lèvent les lances,
Portent l’éponge trempée de vinaigre
A la bouche assoiffée du ciel.
Piazza déserte.
Midi frappe
Le cercle brûlant
Avec le compas du soleil.
Sur le toit en terrasse,
L’aire de la pluie,
Sèchent des figues et des grappes de raisin.
Les citernes sont vides.
Quand le bateau-pompe noir jette-t-il l’ancre ?
…
/ Traduit de l’allemand par Emmanuel Moses
Île du Sud
Pour Walter Jens
extrait 2
À travers le ressac du crépuscule
Les pêcheurs hissent leur barque.
Vitreuse,
Ente les pierres
La méduse de mer.
Ton œil que les pieux ont fermé
Lui, pauvre cyclope.
Tu ne vois plus
Le tremblement de la lampe
Sous la charrette,
L’âge
D’étoiles brillantes
Au-dessus de l’île.
/ Traduit de l’allemand par Emmanuel Moses