La rivière
Pour rendre belle encor la rivière vieillie
Nous allons y jeter des étoiles de fer
Qui brilleront, le soir, comme des coraux verts,
Et qui feront rêver les noyés s’ils s’ennuient.
Moi j’y verserai l’or des sables de l’étang
Et je lui parlerai comme on parle à sa blonde.
Toi la belle tu n’as qu’à nager nue et l’onde
Animera pour toi mille poissons ardents.
LES CHEVAUX DE LA SABLIÈRE
J’aimais les voir dormir, au soleil, à midi.
Je les regardais boire au bord de la rivière
Quand à la fin du jour nous allions, étourdis,
Voir briller dans les champs leurs ardentes crinières.
Parfois quand le matin faisait étinceler
Entre chaque sillon ses serpents de lumière
Nous allions épier les chevaux attelés.
Mais ils étaient plus beaux au fond de nos clairières
Lorsque, luisants de sel, ils grattaient leur cou blond
Contre les peupliers, lorsque près des cascades
Ils suivaient d’un œil doux les lapins dans leurs bonds
Et remplissaient d’air pur leur poitrine malade.
Et nous allions, le soir, dans nos lits, deux à deux,
Raconter en silence à nos amis lunaires
Combien nous les aimions ces centaures peureux
Qui courent, enflammés, sur les dunes légères.
Villes
Sur les toits des pays qu’on visite à vingt ans
Les oiseaux font leurs nids auprès des cheminées
Les oiseaux sur les toits font leurs nids au printemps
De brindilles de bois et d’ombrelles fanées
Dans les quartiers brumeux sur le gravier des toits
Les pigeons roucoulants des grasses matinées
Me rappellent combien j’aimais l’odeur du bois
Qui brûlait chaque soir au début de l’année
Mille toits gris mêlés comme mille horizons
Surveillent les ciels gris de mille îles lointaines
Et la voix des bateaux s’étonne sans raison
Dans les quartiers brumeux où passent les semaines.
La rivière
Pour rendre belle encor la rivière vieillie
Nous allons y jeter des étoiles de fer
Qui brilleront, le soir, comme des coraux verts,
Et qui feront rêver les noyés s’ils s’ennuient.
Moi j’y verserai l’or des sables de l’étang
Et je lui parlerai comme on parle à sa blonde.
Toi la belle tu n’as qu’à nager nue et l’onde
Animera pour toi mille poissons ardents.